Un mois et demi après son renvoi devant la justice pour des emplois de complaisance, l'ancien président français Jacques Chirac a été inculpé vendredi dans un autre dossier portant sur des emplois fictifs présumés dans son parti, pris en charge par la mairie de Paris.

L'ex-président a été inculpé de «prise illégale d'intérêt concernant sept emplois» par le juge de Nanterre (ouest de Paris) Jacques Gazeaux, a expliqué à l'AFP l'avocat de Jacques Chirac, Me Jean Veil.

Dans cette affaire, il s'agit du paiement présumé de salaires par la mairie de Paris à des permanents du RPR (ancêtre de l'UMP, droite), le parti de M. Chirac qui était alors maire de la capitale française.

L'entretien, qui a eu lieu vendredi matin à Paris, «a duré vingt minutes» et «le juge ne lui a posé aucune question», a expliqué Me Veil.

Jacques Chirac, 77 ans, a déjà été renvoyé fin octobre devant la justice dans une affaire d'emplois de complaisance présumés, à la ville de Paris, dont il a été maire de 1977 à 1995. Inculpé pour «détournements de fonds publics» et «abus de confiance», il encourt dix ans de prison et 150 000 euros d'amende

Protégé pendant 12 ans (1995-2007) par sa fonction présidentielle, il sera le premier ex-chef d'État français à comparaître devant un tribunal depuis le maréchal Pétain en 1945. Son procès devrait se tenir au second semestre 2010.

L'étau judiciaire se resserre autour de l'ancien président, récemment cité dans plusieurs affaires dont celle du trafic d'armes de l'Angolagate, mais qui n'a jamais été aussi populaire en France, crédité mi-décembre de 78% d'opinions positives, loin devant tout le reste de la classe politique.

Le bureau de Jacques Chirac souligne dans son communiqué que ce dernier «rappelle qu'il avait déjà répondu, en juillet 2007, à l'ensemble des questions relatives à ce dossier portant sur 7 emplois, et qu'aucun élément nouveau n'est intervenu depuis lors».

L'ex-président avait en effet été entendu en 2007 sous le statut de témoin assisté, un statut intermédiaire entre ceux de témoin et d'inculpé.

Sur le fond, le président Chirac «réaffirme qu'aucun «système» n'a jamais existé à la mairie de Paris».

«Sur ce dossier comme dans son autre volet, instruit à Paris, le président Chirac souhaite que la procédure puisse avancer dans les meilleurs délais, afin que soit définitivement établi que rien ne saurait lui être reproché», conclut le communiqué.

Dans le cadre de la nouvelle inculpation pour «prise illégale d'intérêt», l'ex-président risque au maximum une peine de 5 ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.

Dans cette dernière affaire concernant des versements de salaires à des permanents du RPR, pour laquelle la mairie avait porté plainte, le cas de M. Chirac avait été disjoint de la procédure judiciaire engagée dans l'attente de la fin de son mandat présidentiel.

En 2004, plusieurs condamnations avaient été prononcées, notamment à l'encontre de l'ancien premier ministre Alain Juppé, qui cumulait les fonctions de secrétaire général du RPR et adjoint aux Finances lorsque M. Chirac était maire de la capitale.

L'ancien chef de l'État a affirmé à plusieurs reprises qu'il ne se défilerait pas et répondrait aux questions de la justice.

Retraité après plus de 40 ans de vie publique, M. Chirac se consacre désormais à une fondation oeuvrant au développement durable et au dialogue entre les cultures.

Début novembre, il a publié le premier tome de ses mémoires, «Chaque pas doit être un but», dans lequel il retrace son parcours jusqu'à son accession à l'Elysée en 1995 et fait un portrait au vitriol de ses anciens alliés et rivaux politiques, dont Valéry Giscard d'Estaing.