Silvio Berlusconi sortira de l'hôpital mercredi mais devra «s'abstenir d'activités» en public pendant 15 jours, a annoncé mardi son médecin personnel, tandis que majorité et opposition s'accusaient d'avoir alimenté un climat de haine ayant favorisé son agression dimanche.

Le chef du gouvernement italien a passé une deuxième nuit à l'hôpital San Raffaele de Milan, «meilleure» que la précédente, selon son porte-parole Paolo Bonaiuti. Comme la veille, il a dès son réveil demandé à lire les journaux.

Son médecin, Alberto Zangrillo, chef du service au San Raffaele, a indiqué que Berlusconi, qui a mangé «normalement» et dont le moral s'est amélioré, quittera l'hôpital «demain» mercredi, probablement «en début d'après-midi».

Sur les grilles, à l'entrée de l'hôpital, une grande banderole avec le slogan «Forza presidente» (courage président) a été accrochée par des supporteurs du club de football AC Milan dont il est président.

Selon le Dr Zangrillo, M. Berlusconi pourra reprendre «progressivement» son travail mais doit «s'abstenir de toutes les activités qui l'exposeraient à des situations publiques (...) et au stress» pendant «au moins deux semaines».

M. Berlusconi, atteint au visage par une reproduction de la cathédrale de Milan lancée à la fin d'un de ses meetings par un homme soigné pour troubles mentaux, a été blessé à la lèvre supérieure, a deux dents cassées et une fracture du nez qui a réactivé des douleurs cervicales et des maux de tête.

En dépit des conseils des médecins, selon son porte-parole, il sera difficile de le maintenir à l'écart du public «car il aime être au milieu des gens». «C'est comme pour les visites, on cherche à les limiter mais lui voudrait voir tout le monde», a ajouté M. Bonaiuti.

Les responsables politiques ont continué de se rendre à son chevet mardi mais au parlement les députés se sont mutuellement reproché d'attiser les tensions.

«La main de celui qui a agressé Berlusconi a été armée par une campagne de haine sans pitié», a affirmé Fabrizio Cicchitto, un responsable du Peuple de la liberté, le parti de Berlusconi, en présentant son chef comme la victime d'une cabale.

Il a pointé du doigt le groupe Espresso-Repubblica, certains programmes télévisés et accusé l'opposant Antonio Di Pietro de «vouloir presque transformer la confrontation (politique) en une guerre civile».

«Nous ne faisons pas une opposition par haine envers Berlusconi mais par amour pour notre pays», lui a répondu M. Di Pietro, ex-juge anti-corruption et chef d'Italie des valeurs.

Auparavant, dans une interview à Repubblica (gauche), il accusait Berlusconi d'entretenir un climat de «violence» en s'en prenant aux magistrats qui veulent le juger (pour corruption et fraude fiscale), à la Cour constitutionnelle, au président Giorgio Napolitano ou aux auteurs d'écrits et films sur la mafia.

Début novembre, après la diffusion dans la presse du témoignage d'un repenti mafieux contre lui, M. Berlusconi avait menacé d'«étrangler les auteurs de fiction sur la mafia».

Dans ce contexte tendu, le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni a annoncé vouloir faire adopter dès jeudi, en conseil des ministres, des mesures pour fermer les pages et sites Internet «incitant à la violence» et pour limiter les contestations lors de manifestations publiques.

Quant à Francesco Rutelli, président du Copasir, commission parlementaire de contrôle des services secrets, il a écarté l'idée de défaillance du système de protection: «il y avait tellement de gardes du corps que l'on peut considérer comme le fruit du hasard qu'il ait été touché en plein visage par l'objet jeté».