Une partie de la population de Catalogne a été invitée dimanche à se prononcer sur l'indépendance de cette riche région du nord-est de l'Espagne, lors d'un référendum symbolique organisé par des associations favorables à l'autodétermination.

Environ 700 000 Catalans - sur une population total de 7,5 millions - étaient appelés à répondre oui ou non à la question: «Êtes-vous favorable à ce que la Catalogne soit une État souverain, social et démocratique, intégré dans l'Union européenne?».

Tous résidents, y compris immigrés, de plus 16 ans pouvaient participer à cette votation «privée» organisée dans 166 municipalités de Catalogne, soit 17% des communes de la région.

Le résultat du vote devait être connu après 20H00 (19H00 GMT), heure de fermeture des bureaux de vote qui étaient le plus souvent installés dans des locaux d'associations.

«L'affluence a été importante», affirmait à la mi-journée Uriel Bertran, le porte-parole du groupe des associations organisatrices, lesquelles avaient fixé comme objectif un taux de participation de 40%.

«Demain, la Catalogne se réveillera comme étant un autre pays, avec un nouvel espoir» a déclaré M. Bertran lors d'une conférence de presse organisée à Vic, une ville de 40 000 habitants faisant figure de bastion du «catalanisme».

Le référendum a suscité dans cette commune agricole et industrielle située à 150 kilomètres au nord de Barcelone, une très forte mobilisation y compris parmi l'importante population immigrée.

La consultation vise officiellement, selon les organisateurs, à susciter le «débat sur les relations entre la Catalogne et l'Espagne» mais sonne surtout comme une mise en garde auprès du pouvoir central espagnol.

Le tribunal constitutionnel risque en effet prochainement de gommer de nombreux aspects de l'actuel «statut» de la Catalogne qui a accordé en 2006 une très large autonomie à la région, élevée à cette occasion au rang symbolique de «nation».

Joan Laporta, président du prestigieux club de foot de Barcelone - actuel champion d'Espagne et d'Europe - et devenu figure de proue du «catalanisme», a affirmé dimanche: «la Catalogne est en train de mourir, ils sont en train de la tuer et nous devons réagir».

La remise en cause par le tribunal constitutionnel du statut d'autonomie élargie approuvé par le parlement régional de Catalogne, par le parlement national espagnol puis par référendum en juin 2006, est une «humiliation inacceptable pour les Catalans», a-t-il indiqué dans un entretien à El Pais.

Le pouvoir socialiste espagnol a observé une relative neutralité face à la consultation. Le chef de gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero a toutefois critiqué vendredi une initiative qui «ne menait nul part».

Le président régional, le socialiste José Montilla, qui gouverne avec l'appui d'indépendantistes de gauche, a pour sa part critiqué le caractère biaisé d'un référendum où les organisateurs étaient les mêmes que ceux qui faisaient campagne pour le «oui».

Le principal parti nationaliste catalan, CiU, a lui eu une attitude ambiguë sur l'initiative. Son président, Artur Mas, s'est dit favorable au «oui», mais a jugé qu'un référendum dans toute la Catalogne serait une «erreur» car le non l'emporterait.

Le minuscule village de Sant Jaume de Frontanya, comptant 24 habitants a organisé dès samedi sa propre consultation, avec un vote massif pour l'indépendance: 18 «oui» sur 19 bulletins.