Les deux candidats à l'élection présidentielle roumaine de dimanche, le président sortant de centre droit Traian Basescu et le social-démocrate Mircea Geoana, ont revendiqué la victoire, alors que trois sondages à la sortie des urnes sur quatre donnaient M. Geoana légèrement en tête.

«Ma victoire est la victoire de tous les citoyens roumains qui veulent une vie meilleure», a déclaré M. Geoana devant ses partisans aussitôt après la clôture des bureaux de vote et la diffusion des premiers sondages, à 14h00 GMT.

«J'ai gagné, comme en 2004, je vous assure que j'ai devancé Geoana», a lancé M. Basescu, rappelant les résultats également serrés de la présidentielle d'il y a cinq ans.

Sur les quatre premiers sondages diffusés par les télévisions, un seul, réalisé par l'institut CSOP, plaçait les deux candidats à égalité parfaite, avec 50% chacun.

Les trois autres créditaient M. Geoana d'une avance allant de 1,6 à 3,2 points sur son rival.

En fin de soirée, l'écart s'était réduit dans les sondages affinés des trois mêmes instituts: le score de M. Geoana allait de 50,7% à 51,2%, en baisse de quelques dixièmes de point par rapport aux chiffres initiaux.

Quant au quatrième institut, celui qui avait donné les deux candidats à 50-50, il annonçait désormais M. Basescu gagnant avec 50,4% des voix.

Dans sa première réaction, le président sortant a mis en avant le fait que les sondages portaient sur les réponses des électeurs à deux heures de la clôture du scrutin et ne prenaient pas en compte le vote des dizaines de milliers de Roumains de l'étranger, traditionnellement favorables à M. Basescu.

Il a appelé ses sympathisants au calme, les invitant à attendre «en toute confiance» le résultat du comptage des voix.

Les premiers résultats officiels doivent être publiés lundi à 19H00 HNE par le Bureau électoral central.

Le taux de participation s'est élevé à 56,99%, en hausse par rapport au premier tour du 22 novembre (54,37%).

Alors que les partis politiques s'étaient accusés réciproquement de «fraudes» tout au long de la journée, tout comme au premier tour, le 22 novembre, le président de l'association Pro Democratia, Cristian Parvulescu, a préféré parler d'«irrégularités».

«Nous avons eu des constatations d'irrégularités mais très peu de fraudes. Dans certains bureaux de vote, il y a eu des tentatives de fraudes, la tentation a pu être grande pour des leaders locaux, mais il n'y a pas de preuves suffisantes» de fraudes, a-t-il déclaré.

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) devrait rendre son rapport sur le scrutin lundi.

«Quel qu'il soit, le président n'aura pas le temps de faire la fête», a averti l'analyste politique Emil Hurezeanu sur la chaîne de télévision Realitatea TV.

«Il devra résoudre la situation critique où se trouve le pays et colmater les failles qui se sont créées au sein de la société», polarisée entre sympathisants et adversaires du président sortant, a-t-il dit.

Prenant les devants, M. Geoana, qui a bénéficié au second tour du soutien des libéraux, troisième force politique du pays, a répété qu'une fois élu il nommerait le maire de Sibiu (centre) Klaus Iohannis au poste de premier ministre.

Ce dernier avait été proposé par l'opposition majoritaire au Parlement pour occuper cette fonction aussitôt après la chute du gouvernement de centre droit d'Emil Boc, début octobre.

Mais le président sortant avait refusé de le désigner, estimant qu'il serait la «marionnette» de la vieille garde au sein du Parti social-démocrate (PSD), l'ex-président Ion Iliescu en tête.

Quel qu'il soit, le nouveau gouvernement devra faire adopter rapidement le projet de budget 2010, indispensable pour le versement par le Fonds monétaire international (FMI) et l'Union européenne de nouvelles tranches de leur prêt global de 20 milliards d'euros.