Le premier ministre écossais Alex Salmond a publié lundi un livre blanc sur l'avenir constitutionnel de l'Écosse, espérant ouvrir ainsi la voie à un référendum sur son indépendance d'ici un an.

Chef du Parti national écossais (SNP), qui dirige l'exécutif régional au pouvoir à Edimbourg, M. Salmond est favorable à une partition de cette province riche en pétrole du Royaume-Uni, auquel elle est rattachée depuis trois siècles.

Tous les partis d'opposition au Parlement d'Edimbourg, hormis les Verts, sont cependant opposés à un référendum, que le SNP espère malgré tout organiser en 2010.

«Il est temps pour les gens d'avoir leur mot à dire sur l'avenir de l'Écosse», a-t-il déclaré en présentant le livre blanc, qui dresse la stratégie gouvernementale pour obtenir un référendum, en même temps qu'il défend la cause de l'indépendance.

«Le débat dans la politique écossaise n'est plus entre changement ou immobilisme, il porte sur le genre de changement que nous souhaitons et le droit pour les gens de choisir leur avenir grâce à un référendum libre et juste», a-t-il affirmé.

Sans dévoiler ce qui pourrait être la formulation de la question posée lors du référendum, le livre blanc propose quatre scénarios: le statu quo, une extension limitée des actuels pouvoirs du Parlement régional, une autonomie régionale accrue notamment en matière fiscale, et l'indépendance.

Conformément à la position du SNP, le livre blanc conclut que l'indépendance est la meilleure option pour l'Écosse en termes de développement économique et de rayonnement dans le monde.

M. Salmond considère que l'Écosse dispose de suffisamment de ressources pour être indépendante, avec le pétrole et le gaz de la mer du Nord, ou encore la pêche.

Le SNP, qui forme un gouvernement minoritaire, espère qu'en incluant des options autres que l'indépendance, il convaincra les autres partis de se rallier à son projet de référendum.

Mais les partis d'opposition ont unanimement répondu que l'heure était à remettre l'Écosse sur les rails après la crise financière et non à envisager un référendum.

«Ce n'est simplement pas le moment pour un référendum», a résumé le chef des travaillistes écossais Iain Gray. «Tous les sondages récents montrent que la grande majorité des Écossais ne veulent pas quitter la Grande-Bretagne.»

Selon un sondage de l'institut Ipsos Mori publié dimanche, seulement 25% des Écossais sont favorables à la tenue dès que possible d'un référendum et simplement 20% disent soutenir l'indépendance.

Le SNP avait supplanté pour la première fois en 50 ans le Parti travailliste lors du scrutin régional de 2007. Sa proposition en vue d'un référendum sur l'indépendance en 2010 avait été l'un des thèmes clés de sa campagne.

La perspective d'une indépendance de l'Écosse est combattue par le premier ministre britannique Gordon Brown, un Écossais favorable au maintien de l'Union vieille de 300 ans entre l'Angleterre, le Pays de Galles et l'Écosse.

«Le premier ministre croit fermement à l'Union», a d'ailleurs réagi lundi à Londres le porte-parole de M. Brown. «L'isolement et un nationalisme étroit seraient exactement la mauvaise direction» à prendre, a-t-il estimé.

L'exécutif écossais a été mis en place en 1999. L'assemblée d'Edimbourg traite des questions de santé et d'éducation, tandis que le Parlement de Westminster à Londres conserve les domaines régaliens de la défense, des affaires étrangères et de l'économie.