La pauvreté touche en France près de trois fois plus les habitants des banlieues que les autres, selon un rapport publié lundi sur ces quartiers dans lesquels vivent près de 5 millions de personnes, dont de nombreux immigrés, et qui ont connu des émeutes en 2005.

En 2007, 33,1% des habitants de ces quartiers vivaient sous le seuil de pauvreté (908 euros/mois), contre 12% dans le reste du territoire, note dans son rapport annuel l'Observatoire national des zones urbaines sensibles (Onzus). Ce chiffre est en progression, par rapport aux 30,5% en 2006.

Chez les moins de 18 ans, le taux atteint 44,3%, soit près d'un mineur sur deux.

Dans ces quartiers, où le taux de chômage atteint 16,9% de la population (contre 7,7% dans les autres quartiers des mêmes agglomérations), les jeunes sont les principaux touchés, particulièrement les garçons: la proportion de jeunes au chômage y est toujours deux fois plus importante qu'ailleurs.

«Au total, un jeune des quartiers sensibles sur quatre est au chômage ou en inactivité, contre un jeune sur huit dans les autres quartiers des mêmes agglomérations», note le rapport, qui pointe l'écart entre le taux de chômage des jeunes hommes (41,7%) et celui des jeunes femmes (29,6%).

Claude Dilain, le maire socialiste de Clichy-sous-Bois, la ville de banlieue parisienne où avaient démarré les émeutes en 2005, dénonce «l'absence de volonté politique» pour résoudre les problèmes des banlieues, notamment de désenclavement, et une «logique du ghetto (qui) arrange tout le monde».

Nicolas Sarkozy avait promis pendant sa campagne présidentielle un «plan Marshall des banlieues», mais celui-ci n'a abouti qu'à des mesures peu ambitieuses et qui ont déçu.

«Veut-on simplement que les banlieues soient calmes ou veut-on résorber les ghettos? Je crois que le président (Nicolas Sarkozy) a donné sa réponse: seule la sécurité l'intéresse», déclare le maire dans une interview au quotidien Le Monde.

Il constate avec inquiétude un repli communautaire de la population de ces quartiers originaire du Maghreb ou du reste de l'Afrique. «La référence au pays d'origine -même pour des habitants qui sont en France depuis deux ou trois générations- n'a jamais été aussi forte», juge-t-il.