Le président sortant de centre-droit Traian Basescu et son adversaire social-démocrate Mircea Geoana s'affronteront au deuxième tour de l'élection présidentielle en Roumanie, le 6 décembre, selon des sondages sortie des urnes publiés dimanche, à l'issue du premier tour.

M. Basescu, un ancien capitaine de marine âgé de 58 ans, dispose d'une légère avance par rapport à M. Geoana, 51 ans, ex-ministre des Affaires étrangères. Il est crédité d'une moyenne de 33% des suffrages, contre environ 31% à son rival, selon ces sondages.

Les deux hommes sont suivis par le candidat libéral Crin Antonescu, qui a obtenu environ 21% des voix.

«Aujourd'hui, j'ai obtenu la victoire d'étape», s'est félicité M. Basescu devant ses partisans, estimant que l'écart se creuserait de «2 à 3 points supplémentaires» après le comptage des voix.

«Le 6 décembre, nous allons vaincre ensemble. C'est là que commencera le travail le plus dur: il faudra unir le pays, après cinq ans de scandales et de désunion», a pour sa part déclaré M. Geoana.

Durant la journée, les partis se sont mutuellement accusés de fraudes électorales dans certains bureaux. Le ministère de l'Intérieur a recensé plus de 1.050 «incidents électoraux» et 72 délits, dont 25 cas de «votes multiples».

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui a déployé une mission limitée en Roumanie à l'occasion de ce scrutin, présentera son rapport lundi.

Les premiers résultats officiels ne sont pas attendus avant lundi matin.

Quel que soit le vainqueur, il sera appelé à nommer rapidement un Premier ministre pour briser l'impasse politique provoqué par les positions irréconciliables de M. Basescu et de l'opposition majoritaire au Parlement après la chute du gouvernement d'Emil Boc à la mi-octobre

Cette guerre ouverte a ainsi empêché que deux Premiers ministres désignés par le président sortant obtiennent l'aval des élus, bloquant des réformes attendues par les bailleurs de fonds internationaux.

Après une décennie de forte croissance, l'économie roumaine a plongé dans une récession profonde en 2009 et le Fonds monétaire international a conditionné le versement d'une nouvelle tranche d'un prêt global de 20 milliards d'euros à la formation rapide d'un gouvernement.

D'ici au 6 décembre, MM. Basescu et Geoana tenteront de séduire les électeurs des candidats malheureux et notamment les sympathisants des libéraux, le parti de centre-droit dirigé par M. Antonescu.

Dès l'annonce des résultats, M. Basescu a d'ailleurs souligné que l'électorat avait fait un choix «profondément de droite» et que les hommes politiques devront «tenir compte de l'opinion de l'électorat roumain dans la formation du gouvernement».

Avant même le scrutin, il s'était déclaré favorable à un exécutif de droite, le seul capable selon lui de sortir le pays de la crise.

M. Geoana, fort d'une alliance toute récente avec les libéraux en faveur d'un candidat unique de l'opposition au poste de Premier ministre, a de son côté appelé les partisans de cette formation à le soutenir au 2e tour.

«La question qui se pose est de savoir où iront les voix des libéraux», a déclaré l'analyste politique Emil Hurezeanu sur la chaîne Realitatea TV, tandis que le politologue Stelian Tanase estime que le 6 décembre, la Roumanie assistera à une «polarisation pour et contre Basescu».

Le taux de participation, qui devrait dépasser de quelques points les 50%, a également permis de valider un référendum convoqué par M. Basescu et qui se déroulait simultanément sur une réduction du nombre d'élus, de 471 à 300, dans un Parlement unicaméral, «une victoire» selon lui.