Quelques dizaines d'Ukrainiens se sont réunis dimanche sur la place centrale de Kiev pour marquer le cinquième anniversaire de la Révolution orange, dont le héros, le président Viktor Iouchtchenko, devait prononcer un discours dans la soirée.

Mais les commémorations étaient modestes alors que le pays est préoccupé à la fois par la crise économique et par l'élection présidentielle du 17 janvier.

«C'est une fête pour mon âme», a déclaré à l'AFP Lidia Demianova, un ruban orange autour du bras. Cette retraitée de 72 ans s'est rendue sur le Maïdan (place de l'indépendance), haut lieu du soulèvement populaire de 2004 qui propulsa Kiev sur la carte politique de l'Europe sans répondre aux attentes des Ukrainiens.

Il y a cinq ans, des centaines de milliers d'Ukrainiens avaient bravé la neige et le froid pour manifester, à partir du 22 novembre, pendant presque trois semaines. Ils avaient finalement obtenu l'annulation pour fraudes de l'élection du candidat du pouvoir à la présidentielle, Viktor Ianoukovitch, ouvertement soutenu par le Kremlin.

Cet élan populaire pava la voie à l'élection à la présidence de Viktor Iouchtchenko, alors opposant pro-occidental.

L'Ukraine, ex-république soviétique restée jusqu'alors dans l'ombre de Moscou, incarna pour beaucoup l'espoir et le rêve démocratique aux portes de l'Europe, qu'elle aspirait à rejoindre sans délai.

Mais les attentes se sont heurtées depuis à une dure réalité: les changements promis, comme le rapprochement avec l'Union européenne ou la lutte contre la corruption, ne se sont pas concrétisés tandis qu'au fil des crises politiques, les anciens alliés «oranges», M. Iouchtchenko et le Premier ministre Ioulia Timochenko, sont devenus ennemis jurés. Ils doivent s'affronter lors de l'élection présidentielle prévue le 17 janvier.

«Bien sûr que je ressens de la déception. Iouchtchenko et Timochenko ont trahi les idéaux de la Révolution», avoue Andri Avramenko, un autre ancien participant à la Révolution, qui arbore toutefois un foulard orange autour du cou.

Mme Demianova se veut plus positive. «On ne peut pas faire tout d'un seul coup, mais la Révolution a donné un coup de pouce aux changements», dit-elle.

A l'occasion de la fête du «Jour de la liberté», qu'il a officiellement instaurée après son élection, le président Iouchtchenko doit prononcer dans la soirée un discours qui sera suivi d'un concert.