Les Roumains éliront leur président dimanche avec l'espoir de mettre fin à des semaines de crise politique aiguë et de voir rapidement débloqué un prêt international crucial pour sortir le pays de la récession. Un second tour sera probablement nécessaire le 6 décembre.

Le président de centre-droit Traian Basescu (Parti démocrate-libéral, PD-L) brigue un deuxième mandat de cinq ans et aura pour principal adversaire l'ancien ministre des Affaires étrangères, Mircea Geoana, président du Sénat et chef du Parti social-démocrate (PSD) depuis 2005. Aucun des deux hommes, et encore moins les dizaines d'autres candidats, ne devrait passer la barre des 50% pour l'emporter dès le premier tour dimanche.

La Roumanie traverse une très grave crise politique depuis que le Parlement a renversé le gouvernement d'Emil Boc par une motion de censure le 13 octobre, à la suite d'une dispute au sein de la coalition de gouvernement. Le PSD accusait le PD-L de vouloir diriger le ministère de l'Intérieur pour faciliter la fraude à l'élection présidentielle. Le Parlement ayant ensuite rejeté le gouvernement qui lui était soumis, M. Boc dirige depuis octobre un gouvernement par intérim doté de pouvoir limités.

En l'absence de gouvernement et de budget 2010, le Fonds monétaire international (FMI) a bloqué un prêt de 1,5 milliard d'euros crucial pour la Roumanie, qui devrait voir son économie, déjà plongée dans une profonde récession, se rétracter d'environ 8,5% en 2009.

Il semble peu probable que l'argent soit versé avant janvier, alors que l'État en a besoin pour payer les fonctionnaires et les retraites. Quelque 1,3 million de fonctionnaires vont déjà devoir prendre huit jours de congés sans solde d'ici la fin de l'année.

Cette crise économique et politique a fortement entamé la popularité du président sortant Traian Basescu, 58 ans, qui conserve toutefois un large soutien, surtout dans les zones rurales. Il est crédité de l'entrée de la Roumanie dans l'Union européenne au 1er janvier et de l'organisation du sommet de l'OTAN en 2008, mais ses détracteurs lui imputent l'instabilité politique actuelle et lui reprochent de s'être associé à des hommes d'affaires soupçonnés de corruption.

Il entretient par ailleurs des relations houleuses avec le Parlement, qui l'a destitué en 2005 avant que les Roumains ne le maintiennent dans ses fonctions par un référendum. Difficile dans ces conditions de ne pas voir des représailles dans la consultation nationale sur la réforme dudit parlement, organisée ce dimanche en même temps que la présidentielle.

Mircea Geoana, 51 ans, ne possède pas l'aura populaire de M. Traian, mais le SPD, qui a succédé au Parti communiste au pouvoir pendant plus de 40 ans, est profondément enraciné à la fois dans les villes et les campagnes. De récents sondages le donnaient légèrement à la traîne u président sortant, crédité d'environ un tiers des intentions de vote. Un troisième candidat, le chef du Parti national-libéral (PNL), Crin Antonescu, habile débatteur, a bien progressé dans les enquêtes d'opinion de ces dernières semaines.

Plus d'un millier d'observateurs roumains et étrangers surveilleront le scrutin dimanche mais la tenue simultanée de la présidentielle et du référendum rendra plus difficile la détection d'éventuelles fraudes électorales.