Le gouvernement de Gordon Brown a promis mercredi de légiférer pour limiter les bonus des banquiers et le déficit public, lors du dernier discours du trône avant les élections législatives attendues à la mi-2010.

«Mon gouvernement va continuer à réformer et renforcer la régulation de l'industrie des services financiers afin d'assurer une plus grande protection des épargnants et des contribuables. Une législation sera présentée afin d'améliorer la gouvernance du secteur financier et de contrôler le système de récompenses», a promis la reine d'Angleterre, en annonçant le calendrier législatif, comme elle le fait chaque année à l'ouverture officielle de la session parlementaire. Le bref discours - de six minutes seulement - est entièrement écrit par le gouvernement. Il ne dresse que les grandes lignes du calendrier législatif, étant donc avare de précisions sur les projets de loi qui doivent être détaillés ultérieurement.

Le premier ministre Gordon Brown avait déjà dévoilé dimanche son projet de loi sur les bonus, visant à doter les autorités financières de nouveaux pouvoirs pour sanctionner les banques qui abuseraient des bonus ou des parachutes dorés.

La reine, âgée de 83 ans, a également annoncé un projet de loi sur la «responsabilité budgétaire», visant à «assurer que la dette nationale suive un rythme viable». «Une législation sera présentée pour réduire de moitié le déficit public», a ajouté la reine sans donner d'échéance.

Selon la presse, la période serait de quatre ans. Les détails de ce projet devraient être annoncés lors de la présentation du pré-budget le 9 décembre.

Le gouvernement prévoit que le déficit public atteindra 12,4% du Produit intérieur brut cette année, un gouffre alimenté notamment par les très coûteux plans de sauvetage des banques et la baisse des recettes fiscales due à la crise. Le Royaume-Uni reste l'un des rares pays européens à ne pas être encore sorti de la récession.

La quinzaine de projets de loi présentés n'ont qu'une chance toute théorique d'être transformés en législation: les élections générales doivent être convoquées au plus tard début juin, soit dans un peu plus de six mois, tandis que la durée moyenne nécessaire pour l'adoption d'une loi est d'environ huit mois.

Le gouvernement travailliste est de plus donné largement perdant par les sondages, à la faveur de l'opposition conservatrice.

Le leader des Conservateurs, David Cameron, a ainsi qualifié le discours du trône de «perte de temps» et d'«exercice politique». «Le discours du trône ... tente juste de sauver la peau du Labour», a-t-il accusé.

«Il ne s'agit pas d'électoralisme. Il s'agit de gouverner», a répondu le ministre du Commerce, Peter Mandelson, sur la radio BBC 4.

Tradition remontant à 1536, le discours est prononcé avec un grand faste devant les deux Chambres du Parlement réunies (Lords et Communes). Convoyée en carrosse doré depuis le palais de Buckingham, la reine s'assied sur le trône de la Chambre des Lords, coiffée de sa couronne couverte de plus de 3.000 pierres précieuses.

Le gentilhomme huissier de la verge noire («Black Rod»), qui fait office de messager de la reine, s'en va alors mander la Chambre des Communes. Mais on lui ferme la porte au nez pour signifier la supériorité des députés sur les lords.

Il frappe alors trois fois à la porte avec son bâton noir et les députés, réticents, acceptent de le suivre vers la Chambre des Lords.

La reine lit ensuite le discours sur un ton monocorde, soulignant sa neutralité.