La chute du Mur de Berlin il y a 20 ans le prouve: l'Europe change et le Bélarus, ancien satellite soviétique aujourd'hui sous la coupe d'un régime autoritaire, viendra tôt ou tard rejoindre ses rangs, ont assuré avec chaleur des élus européens lors d'un congrès de l'opposition.

Plusieurs d'entre eux, certains eux-mêmes issus de l'ancien bloc soviétique, se sont appuyés sur l'exemple berlinois pour donner du courage aux quelques centaines de militants du «Mouvement pour la liberté», rassemblés samedi dans la banlieue de Minsk pour un «forum européen» sous la houlette de leur leader Alexandre Milinkevitch.

«Cette semaine, au Parlement européen démocratiquement élu, nous avons célébré la chute du Mur, avec un président d'origine polonaise», Jerzy Buzek, a ainsi souligné l'eurodéputée néerlandaise Corien Wortmann-Kool.

«L'Europe a changé et elle va changer. Le peuple bélarusse fait partie de la famille européenne», a-t-elle insisté, sous les applaudissements de la salle, où dansaient des drapeaux aux couleurs bleu et or de l'Europe, et rouge et blanc du Bélarus lors de ses brèves périodes d'indépendance avant 1995.

«La période à venir va être difficile, mais vous pouvez compter sur notre soutien», a ajouté la députée en allusion à l'élection présidentielle prévue au printemps 2011.

Dans un message vidéo, l'ancien président tchèque, Vaclav Havel, s'est dit pour sa part «sûr que tôt ou tard, nous allons accueillir nos amis bélarusses dans l'UE».

Les militants bélarusses devaient dans l'après-midi adopter une résolution pour exprimer leur «soutien à une intégration du Bélarus dans la communauté européenne et (leur) aspiration à contribuer à des relations toujours plus proches entre le Bélarus et l'Union européenne».

Beaucoup notaient que le fait que ce forum ait pu avoir lieu en toute légalité était déjà un progrès par rapport à la situation prévalant deux ou trois ans plus tôt, lorsque le régime du président Alexandre Loukachenko réprimait durement les opposants, dont des milliers avaient été jetés en prison.

Le «Mouvement pour la liberté» n'a d'ailleurs été officiellement autorisé qu'il y a quelques mois. D'autres partis sont toujours dans l'illégalité.

Le président Loukachenko a opéré depuis environ un an un virage stratégique pour se rapprocher de l'Occident.

Mais aux yeux du leader du mouvement d'opposition, Alexandre Milinkevitch, il n'a guère mené que des changements «cosmétiques» dans la société, hormis la libération des prisonniers politiques.

Malgré cela, le «Mouvement pour la liberté» est opposé aux sanctions qui «isolent la société», a-t-il expliqué à l'AFP.

«Bien qu'il y ait un régime autoritaire, nous voulons entamer de véritables relations avec l'Union européenne. Le Bélarus a besoin de modernisation économique, politique, sociale, et notre partenaire principal bien sûr, c'est l'UE», a-t-il dit.

L'UE doit décider la semaine prochaine si elle réactive ou maintient la suspension des sanctions (sur les visas et avoirs) visant actuellement une quarantaine de dirigeants bélarusses. Selon Jean-Dominique Giulani, président de la Fondation Robert Schuman, elle se dirigerait vers une «prolongation de la suspension».

Les élus européens ont aussi invité les militants bélarusses à mettre à profit le «Partenariat oriental», main tendue par l'UE en direction des pays d'Europe de l'Est, parmi lesquels le Bélarus.

«Le Bélarus a besoin de l'Europe, mais l'Union européenne a aussi besoin du Bélarus. Les gens au Bélarus ne sont pas suffisamment conscients de cette vérité. Les gens comme vous sont les principaux acteurs qui peuvent délivrer ce message» auprès de la population, a souligné Jacek Protasiewicz, eurodéputé polonais.