L'ancien ministre français de l'Intérieur Charles Pasqua, condamné à un an de prison ferme dans l'affaire de l'«Angolagate», affirme au Journal du Dimanche qu'il produira jeudi «des preuves matérielles» de ce que Jacques Chirac et Dominique de Villepin «étaient parfaitement au courant» de l'utilisation des fonds secrets de l'Elysée pour faire libérer des pilotes français en Bosnie.

M. Pasqua avait affirmé pendant le procès de l'Angolagate en novembre 2008 que, sur ordre du président Jacques Chirac, le secrétaire général de l'Elysée, Dominique de Villepin, avait prélevé 900 000 francs sur les fonds secrets de l'Elysée en 1995 pour financer la libération des deux pilotes détenus en Bosnie, laquelle s'était faite avec l'aide de l'homme d'affaires russe Arcadi Gaydamak.

Jacques Chirac a récemment déclaré ne pas s'en souvenir. «Je vais lui rafraîchir la mémoire», promet Charles Pasqua dans l'entretien au JDD. «J'organise jeudi une conférence de presse au cours de laquelle je vais faire des révélations. Des preuves seront apportées que l'Elysée et Dominique de Villepin étaient parfaitement au courant. Ils ne pourront plus prétendre le contraire. J'ai des preuves matérielles de ce que j'avance», assure-t-il.

Il affirme également, sans plus de précisions, que l'ancien premier ministre de Villepin «avait planifié le renversement de deux chefs d'État africains» mais qu'ils «n'ont pas eu lieu».

L'ancien ministre de l'Intérieur a par ailleurs écrit à tous les parlementaires pour leur proposer «de créer une commission d'enquête permanente ayant accès à tous les documents financiers concernant les ventes de matériels sensibles couverts par le secret-défense», selon le JDD.

M. Pasqua estime que «des escrocs s'abritent derrière l'intérêt national et le secret-défense pour faire leurs propres affaires», et que les fonds des commissions soi-disant partis à l'étranger «reviennent ensuite en France, via ces escrocs». Il évoque «une douzaine de personnes, en France, qui font croire qu'elles agissent pour des politiques, mais qui ont fait des fortunes considérables. Ou qui ont pu enrichir certains».