«Plan antibandes», «tolérance zéro», patrouilles quotidiennes, fouilles, perquisitions, rien n'y fait... Le gouvernement danois a dû reconnaître son impuissance à juguler la guerre qui fait rage depuis plus d'un an entre bandes de motards et d'immigrés au point de lancer un appel à l'aide.

«Je demande à tous de l'aide et de bons conseils», a récemment supplié le ministre de la Justice Brian Mikkelsen, en charge de la police, qui a récemment ouvert une adresse électronique spéciale, exhortant ses compatriotes à lui envoyer des «idées» pour faire cesser  un conflit qui «ne peut être stoppé que par la société». Depuis la mi-septembre, il a reçu plus de 300 réponses. Un numéro de téléphone a aussi été ouvert. «On ne peut pas contrôler ce cycle infernal et absurde de l'oeil pour oeil, dent pour dent», regrette de son côté le chef-inspecteur de la police Per Larsen.

Cette guerre, qui avec sept morts et une soixantaine de blessés est déjà plus meurtrière que celle des années 90 entre les bandes de motards «Hells Angels» et «Bandidos», fait rage pour le contrôle du marché de la drogue et de «territoires», selon la police.

L'appel des autorités a été entendu outre-atlantique: la secrétaire américaine à la Sécurité intérieure Janet Napolitano, en visite mardi à Copenhague, a proposé l'aide et l'expertise de son pays.

M. Mikkelsen a annoncé dans la foulée «une série de réunions avec les Américains pour profiter au mieux de leurs conseils».

Les affrontements ont débuté après le meurtre en août 2008 d'un Turc, Osman Nuri Dogan, criblé de balles par un membre des AK81, un groupe de soutien aux Hells Angels.

Ils n'ont pas cessé depuis et en octobre dernier, neuf attaques ont été enregistrées jusque dans les quartiers résidentiels et huppés de la banlieue de la capitale.

«C'est un miracle qu'il n'y ait pas eu plus de victimes» reconnaît M. Larsen, tout en soulignant que Copenhague n'est «pas le Chicago des années 30».

Et dans la capitale d'un pays dont des études classent régulièrement la population comme la plus heureuse au monde, le sentiment d'insécurité et de peur croît, les Danois désespérant de l'efficacité des forces de l'ordre.

Selon un sondage Gallup du 21 octobre, plus de huit Danois sur dix ne croient pas que la police parviendra à gagner la partie, même si le chef-inspecteur Larsen affirme que les policiers «n'ont pas capitulé».

«Ces bandes devraient se mettre face à face et s'entretuer une fois pour toutes pour qu'on puisse vivre en paix» s'emporte Inger, une septuagénaire d'un quartier tranquille de Frederiksberg où un des fondateurs des Hells a été récemment blessé en plein jour par deux jeunes d'origine étrangère.

Yavuz Ilmaz, un dano-turc de 28 ans, craint le pire. «Les Hells vont se venger, et la spirale va continuer», prévient-il, jugeant «insensé que l'on puisse se procurer si facilement des armes interdites».

Il suggère de «mettre des caméras partout comme à Londres et de légaliser le hasch comme aux Pays-Bas, pour couper le filon juteux de la drogue qui provoque les affrontements».