La consommation de cocaïne et d'opiacés progresse dans l'Union européenne où ces substances occupent une «place prépondérante» tandis que le cannabis, la drogue la plus consommée en Europe, montre des signes de recul, selon le rapport annuel de l'OEDT publié jeudi.

La cocaïne reste «le stimulant le plus populaire en Europe» et la drogue illicite la plus consommée après le cannabis, souligne l'Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT) dans son rapport sur «l'État du phénomène de la drogue en Europe» présenté jeudi à Bruxelles. Ainsi selon ces statistiques portant sur 2007, 13 millions d'Européens adultes (15-64 ans) en ont consommé au moins une fois au cours de leur vie (contre 74 millions pour le cannabis). «Les niveaux actuels de consommation restent élevés» et «continuent à augmenter» dans certaines zones, observe l'agence européenne.

La cocaïne pourrait ainsi être sur le point de remplacer les amphétamines et l'ecstasy dans certains pays comme le Royaume-uni, le Danemark ou l'Espagne et la prévalence de la consommation au cours de l'année écoulée chez les jeunes adultes (15-34 ans) a augmenté de 15% au moins dans cinq pays (Irlande, Italie, Lettonie, Portugal et Royaume-Uni).

Cette drogue, qui touche des populations très diverses, est citée par 22% des consommateurs européens entamant un traitement et elle a été à l'origine d'au moins 500 décès en 2007.

«La cocaïne et l'héroïne continuent de tenir le devant de la scène européenne, et, en l'état actuel des choses, peu d'éléments laissent présager une baisse de leur consommation en Europe», s'inquiète Wolfgang Götz, directeur de l'OEDT.

Si les opiacés arrivent loin derrière la cocaïne en terme de consommation avec environ 1,4 million de consommateurs «problématiques» dans l'UE et en Norvège, la plupart étant usagers d'héroïne, «les problèmes sanitaires et sociaux imputables à la consommation de cette drogue restent considérables», avertit Marcel Reimen, président de l'OEDT.

Après une diminution des problèmes liés à l'héroïne à partir du milieu des années 1990 jusqu'au début des années 2000, les indicateurs de tendances des opiacés (nouvelles demandes de traitements, décès, saisies) «montrent toujours une progression préoccupante», selon le rapport, qui s'inquiète notamment de l'existence de «nouveaux adeptes» chez les jeunes.

Ainsi le nombre total de nouvelles demandes de traitement, avec l'héroïne comme principal produit, était en hausse en 2007 de 6% par rapport à 2002 dans l'UE.

Parallèlement, les décès dus à la drogue représentaient 4% de tous les décès d'Européens de 15 à 39 ans, des opiacés étant décelés dans les trois quarts des cas.

Sur une «note plus positive», l'OEDT souligne que «de nouvelles données confirment une baisse continue de la consommation de cannabis, surtout chez les jeunes», particulièrement dans les pays d'Europe de l'Ouest, en Croatie et en Slovénie.

Mais les données sur le nombre de consommateurs réguliers et intensifs de cannabis sont «moins encourageantes» puisqu'il existerait une «importante population à risque» représentant environ «2,5% des jeunes Européens».

L'OEDT fait également état de «vives préoccupations» concernant la polyconsommation qui «augmente» et accroît plus particulièrement chez les jeunes les risques de «problèmes aigus», décuplés par la prise d'alcool.