Le principal conseiller du gouvernement britannique sur les drogues a été poussé à la démission vendredi après avoir affirmé cette semaine que l'ecstasy, le cannabis ou le LSD étaient des substances moins dangereuses que l'alcool ou la cigarette.

Le ministre de l'Intérieur Alan Johnson a demandé au professeur David Nutt qui présidait le Conseil gouvernemental sur l'abus des drogues (ACMD), de remettre sa démission, soulignant qu'il avait «perdu confiance» en la capacité de l'expert à donner des avis impartiaux.

«Il est important que les messages du gouvernement sur les drogues soient clairs et qu'en tant que conseiller vous ne fassiez rien qui ne puisse rendre (ce message) confus pour le public», a souligné M. Johnson.

Dans un rapport publié pour le Centre d'études sur le crime et la justice de l'université de King's College, le professeur Nutt a proposé un classement des substances légales et illégales par le degré de risque présenté pour l'utilisateur.

Selon ce classement, l'alcool est au cinquième rang des substances les plus dangereuses, derrière l'héroïne, la cocaïne, les barbituriques et la méthadone. Le tabac est au neuvième rang, et le cannabis, le LSD et l'ecstasy respectivement aux 11e, 14e et 18e rang.

Fumer du cannabis ne comporte qu'un «risque faible» de provoquer des maladies psychotiques, avait-il estimé.

David Nutt a aussi jugé que prendre de l'ecstasy n'était pas plus dangereux que de monter à cheval.

Critiquant la décision prise l'an dernier par le gouvernement de reclasser le cannabis comme une drogue douce dont la possession peut être punie par des peines allant jusqu'à cinq ans de prison, David Nutt avait estimé que les responsables politiques devraient mieux informer le public sur les risques réels encourus par la consommation de diverses substances.

Après avoir remis sa démission, le professeur s'est dit «déçu» par l'attitude du gouvernement.

«Nous vivons une période politique inhabituelle avec, je suppose, des élections (prochaines). Mais la politique c'est la politique et la science est la science, et il y a parfois un peu de tension entre les deux», a-t-il observé.