Le procès de la machination Clearstream, qui a opposé par justice interposée le président français Nicolas Sarkozy à l'ancien premier ministre Dominique de Villepin, s'est achevé vendredi par les dernières plaidoiries. Le tribunal de Paris prononcera son jugement le 28 janvier.

«Je veux tourner la page et regarder vers l'avenir. Je garde la main ouverte vis-à-vis de Nicolas Sarkozy. Je n'ai pas de rancoeur au fond de moi et je veux servir les Français à la place qui est la mienne», a déclaré Dominique de Villepin, à sa sortie du procès. L'ancien Premier ministre, l'une des cinq personnes poursuivies dans cette affaire, est soupçonné d'avoir participé en 2004 à une manipulation pour porter préjudice à Nicolas Sarkozy, alors son rival à droite dans la course à la présidentielle de 2007.

M. de Villepin n'a cessé de dénoncer «un procès politique» et «l'acharnement» contre lui de Nicolas Sarkozy, qui s'était constitué partie civile.

«Nicolas Sarkozy avait promis de me pendre à un croc de boucher, je vois que la promesse a été tenue», a ainsi déclaré Dominique de Villepin cette semaine, reprenant une expression attribuée dans le passé au président français à propos de l'affaire.

Le parquet venait de demander une condamnation à 18 mois de prison avec sursis et 45.000 euros d'amende contre l'ancien premier ministre, qui n'a cessé de dénoncer le déséquilibre d'un procès voulu, selon lui, par Nicolas Sarkozy.

«Ce procès porte l'empreinte de son désir, d'un désir quasi hystérique d'enfant capricieux», a plaidé un de ses quatre défenseurs, Me Luc Brossolet.

L'avocat du président français, Me Thierry Herzog, a prêté à M. de Villepin le rôle d'instigateur de la machination. Une version que s'est abstenu de suivre le parquet, selon lequel l'ancien premier ministre s'en était rendu complice en s'abstenant à dessein de la dénoncer bien qu'il en ait eu connaissance.

M. de Villepin qui se présente comme une alternative à droite à M. Sarkozy joue son avenir politique dans cette affaire, dont l'épilogue est prévu au début de l'année prochaine, lorsque devrait être rendu le jugement du tribunal.

Mais ce procès, qui est aussi celui de certaines moeurs en politique, a soulevé l'écoeurement de certains dirigeants. Le président du Conseil Constitutionnel Jean-Luis Debré a évoqué une «nausée», la dirigeante socialiste Martine Aubry une «histoire effrayante» et le leader centriste François Bayrou une «situation pas normale pour une démocratie».