Nicolas Sarkozy et sa garde rapprochée contre-attaquaient mardi dans la controverse qui vise le fils du président français, en passe d'accéder à la présidence de la société d'aménagement du plus grand quartier d'affaires d'Europe, la Défense, près de Paris.

«Tout ce qui donne en pâture une personne, sans fondement, de façon excessive, c'est jamais bien», a lancé Nicolas Sarkozy, interrogé à l'issue d'un discours sur l'éducation à l'Elysée.

«Vous suivez les polémiques, parfois vous les précédez et moi je dois suivre les réformes et résoudre les problèmes», a-t-il lancé aux journalistes.

Sur le fond, les proches du président ont répondu aux accusations de «népotisme», en arguant que le jeune homme, âgé de 23 ans, n'avait pas «moins de droits» parce qu'il est le fils cadet du chef de l'État.

«Jean Sarkozy n'a pas plus de droits que d'autres, pas moins non plus (...) C'est un homme politique comme les autres, ce n'est pas parce qu'il est le fils du président de la République qu'il en a moins», a réagi le conseiller spécial du président, Henri Guaino.

Un argument repris par le porte-parole du gouvernement Luc Chatel qui s'est dit «extrêmement choqué» par cette polémique.

Même le premier ministre, François Fillon, a commenté la probable future élection de Jean Sarkozy à la tête de l'Etablissement public de la Défense (Epad), assurant que le jeune homme était légitime, à ses yeux, pour assumer ces fonctions.

«C'est une élection, c'est une compétition, et il n'y a pas lieu d'en faire une polémique», a-t-il déclaré sur la radio RTL. Et de rappeler que «Jean Sarkozy a été élu, d'abord, par les électeurs des Hauts-de-Seine (pour devenir conseiller de ce département à l'ouest de Paris, en mars 2008), ensuite par ses pairs, pour devenir le chef de la majorité (de droite) du Conseil général (assemblée)» du département.

Devant le tir de barrage que suscite cette nouvelle étape de son ascension politique, l'intéressé a lui-même réagi dans deux quotidiens populaires. «Est-ce que je suis illégitime pour me présenter à une élection au prétexte que je m'appelle Sarkozy?», demande-t-il. «Quoi que je dise, quoi que je fasse, je serai critiqué», poursuit-il.

Mais le feu semblait difficile à éteindre. Une pétition lancée sur Internet pour demander à Jean Sarkozy de terminer ses études d'abord -il est en deuxième année de droit- et de faire quelques stages en entreprise recueillait mardi près de 43000 signatures.

Le Parti socialiste, dénonçant une «nouvelle traduction d'une conception monarchique du pouvoir», a demandé à Nicolas Sarkozy et au parti majoritaire UMP (droite) «d'abandonner ce projet funeste qui fait déjà de la France la risée des démocraties».

Jean Sarkozy devrait faire son entrée au conseil d'administration de l'Epad le 23 octobre, et pourrait être élu président le 4 décembre.

Ce poste clef lui donnerait la haute main sur l'urbanisation du premier quartier d'affaires d'Europe qui accueille déjà 2.500 sièges sociaux, dont Total, Société Générale... et 150000 salariés sur 3 millions de mètres carrés de bureaux.

Une fonction déjà occupée de 2005 à 2006 par Nicolas Sarkozy dont le fils cadet -né de son premier mariage- semble suivre les traces, pas à pas.

Ressemblance physique marquée, langage direct, facilité de contact, Jean Sarkozy s'est lancé en politique dans les Hauts-de-Seine, le riche département où son père a débuté la sienne quand il n'avait lui aussi qu'une vingtaine d'années.

En février 2008, le président saluait le «courage» de son fils. «Je suis assez fier de la façon dont il se débrouille, il a l'habitude de se débrouiller tout seul, comme son père à l'époque», avait-il souligné.