Le très controversé maire de Moscou, Iouri Loujkov, a remporté haut la main des élections municipales dénoncées par l'opposition et fort de ce résultat il a annoncé lundi qu'il resterait à son poste, malgré des accusations persistantes de népotisme.

Le parti Russie unie du premier ministre Vladimir Poutine a aussi raflé la mise lors des élections locales - municipales, de district ou régionales - organisées dans d'autres régions du pays.

À Moscou, la liste Russie unie conduite par M. Loujkov a remporté 66% des suffrages dimanche, soit près de 20 points de plus que lors du précédent scrutin en 2005 (47,25%), a annoncé la Commission électorale dans la capitale.

M. Loujkov, 73 ans et maire depuis 1992, a été accusé de corruption par ses détracteurs durant la campagne, notamment d'avoir fait la fortune de sa femme, Elena Batourina, à la tête d'une entreprise de BTP omniprésente à Moscou.

Malgré cette victoire, les médias continuent à spéculer sur son limogeage avant la fin de son mandat en 2011 - le maire de Moscou et les gouverneurs étant nommés par le président - tant ce personnage surpuissant agace.

«Loujkov sait que le Kremlin veut le changer depuis longtemps», écrivait lundi l'hebdomadaire Newsweek dans son édition en langue russe.

«Je me considère comme l'un des artisans de Russie unie à Moscou, et nous dominons (...) Arrêtez toutes les spéculations, je ne compte pas partir!», a réagi M. Loujkov.

Outre Russie unie, seul le Parti communiste, avec 13,27%, franchit la barre des 7% nécessaires pour être représenté à l'assemblée, conduisant tous les autres mouvements politiques à dénoncer des fraudes.

Même le parti Russie juste, favorable à Vladimir Poutine et au président Dmitri Medvedev, a dénoncé ces résultats.

«Nous avons de très gros doutes concernant les résultats de l'élection de l'assemblée de Moscou», a réagi Sergueï Mironov, président du parti et du Conseil de la fédération, le Sénat russe.

Ailleurs dans 75 régions, Russie unie remporterait près de 80% des sièges en jeu, tandis que les opposants libéraux de Iabloko et Pravoe Delo n'en décrochent aucun, a indiqué Léonid Ivlev, de la Commission électorale centrale.

Observateurs et opposition dénoncent aussi des irrégularités.

«Les violations du processus électoral ne permettent pas de conclure (...) à des élections honnêtes, libres et concurrentiels», a jugé, dans un rapport, l'association Golos qui surveille le déroulement des scrutins en Russie.

Le président de la commission, Vladimir Tchourov, a lui qualifié d'«hystériques» les accusations de fraudes.

Les incidents les plus graves rapportés lundi concernent la ville de Derbent, au Daguestan, dans l'instable Caucase russe, où un tiers des bureaux de vote n'ont jamais ouvert, tandis que la police faisait pression sur les électeurs pour assurer la victoire du maire sortant.

«Ce qui s'est passé à Derbent ouvre une nouvelle page de l'histoire électorale russe. Pour la première fois, l'appareil administratif a été utilisé pour empêcher les citoyens de voter», estimait lundi le quotidien Kommersant.

Enfin, Joaquim Crima, candidat noir dans la région de Volgograd et coqueluche des médias durant sa campagne, s'est réjoui de ses 4,75%.

«Je ne m'attendais pas à plus de 1%. Et je suis arrivé troisième!», s'est félicité ce Bissau-Guinéen naturalisé Russe, promettant de participer aux prochaines élections dans son district de Sredniaïa Akhtouba.