À la fin du mois de septembre, l'opposition italienne a eu une occasion en or de gagner une bataille. Au moment du vote sur une amnistie fiscale controversée, une soixantaine des 330 députés des deux partis au gouvernement étaient absents. Mais le projet de loi a été adopté par seulement 20 voix, parce qu'une trentaine de députés de l'opposition étaient eux-mêmes absents.

Cette anecdote illustre bien pourquoi l'opposition à Silvio Berlusconi ne parvient pas à prendre une forme politique. «La gauche ne parvient pas à s'unir derrière des idées fortes», déplore Elio Lannutti, un sénateur d'opposition qui dirige aussi une association de consommateurs. «Il y a des luttes intestines parce que personne ne veut que son voisin succède un jour à Berlusconi. Et à la base, le système économique et bancaire bénéficie aussi à la gauche. C'est ainsi que les principales critiques contre Berlusconi prennent maintenant la forme d'histoires de sexe.»

 

C'est pourquoi l'unité de la gauche, qui a remporté les élections de 1996 et de 2006, s'est révélée fragile. Le candidat Romano Prodi n'a pu gouverner que par périodes de deux ans. À partir du départ de Prodi en 1998, et jusqu'en 2001, une succession de premiers ministres de gauche ont pavé la voie au retour triomphal de Berlusconi au pouvoir. En 2008, la gauche a permis encore une fois à Berlusconi de renaître de ses cendres, après avoir fait échouer les réformes que voulait Prodi. L'ex-porte-parole de ce dernier, Rodolfo Brancoli, a publié en début d'année un livre, Fine corsa, où il prédit que la gauche s'est condamnée à passer un long moment loin du pouvoir.

«Walter Veltroni a jeté les bases de la renaissance de la gauche en excluant l'extrême-gauche, Rifondazione comunista (Parti de la refondation communiste), de l'alliance électorale de 2008», estime quant à lui Franco Pavoncello, politologue et recteur de l'Université John Cabot. «Pour la première fois depuis 1944, l'extrême-gauche n'est plus représentée au Parlement. Mais ce faisant, la gauche s'est affaiblie et Berlusconi a gagné. Il lui faudra longtemps pour revenir au pouvoir.»