Il n'y aura pas d'état de grâce pour le socialiste grec Georges Papandréou qui va devoir s'attacher très rapidement à assainir des comptes mis à mal par la crise financière et lancer les réformes de fond réclamées depuis des années par tous les organismes internationaux.

«Nous n'avons pas un jour à perdre», a dit dans la nuit de dimanche à lundi le futur premier ministre, âgé de 57 ans, après avoir recueilli près de 44% des voix et 160 sièges, sur un total de 300, au parlement monocaméral issu des législatives anticipées. Il devance de dix points son rival conservateur, Costas Caramanlis, 53 ans, au pouvoir depuis mars 2004, et qui enregistre une déroute historique depuis le retour de la démocratie il y a 35 ans.

La bourse d'Athènes a bien accueilli le changement d'équipe en enregistrant lundi matin à l'ouverture une hausse de 1,82%.

«Cette forte majorité va permettre à M. Papandréou de prendre des mesures difficiles, il n'aurait pas fallu qu'il soit face à des compromis ou se contente de demi-mesures», a estimé pour l'AFP l'analyste Manos Hatzidakis de la société de courtage Pigasos AEPEY.

«Tous les Grecs attendent des changements audacieux et des pas décisifs dans les premiers cent jours décisifs. La voie du redressement financier sera difficile, longue et douloureuse», a averti l'éditorial de Kathimérini, le quotidien des milieux d'affaires.

De l'avis des commentateurs proches du parti socialiste (Pasok), M. Papandréou veut frapper fort et rapidement. Les premières mesures s'adresseront «à la lutte contre la crise et au rétablissement de la confiance du citoyen dans l'État», a-t-il déclaré, après avoir promis une hausse des salaires et retraites supérieure à l'inflation, et le gel des tarifs publics en 2010.

Il a annoncé «un plan immédiat de cent jours» et cinq projets de loi pour «tonifier l'économie», développer les investissements publics et sortir le pays de la crise économique.

«Notre objectif est de faire revivre l'économie et arriver à une redistribution sociale juste de la richesse. On va ainsi poser les fondements pour procéder au pas suivant: le développement vert et un changement radical de la production de la richesse», a-t-il affirmé.

M. Papandréou veut aussi «agir rapidement» pour montrer la manière de travailler du nouveau gouvernement, qui devrait être resserré et féminisé.

«Tous les observateurs économiques et les marchés attendent avec un grand intérêt la formation du nouveau gouvernement qui fournira une idée de la volonté de M. Papandréou d'engager ses réformes», a indiqué M. Hatzidakis.

Pour l'analyste, les mesures annoncées sont «susceptibles de relancer l'économie et les marchés qui manquent avant tout de fluidité». Il estime que les investissement prévus devraient toucher les secteurs de l'environnement, des infrastructures, des télécoms et de la construction.

M. Papandréou a assuré que ses engagements apparaîtront dans le budget 2010 et dans «le nouveau et crédible» pacte de croissance et de stabilité qu'il doit déposer prochainement à l'Union européenne.

Les nouveaux dirigeants veulent en effet obtenir de Bruxelles un délai de trois ans pour rentrer dans les clous européens. Le déficit public évalué au début de l'année à 3,7% puis à 6%, serait beaucoup plus important selon les experts européens.

La Grèce doit aussi résorber son énorme dette publique qui devrait atteindre plus de 100% à la fin de l'année, l'une des plus fortes de la zone euro, et qui pèse sur toute l'activité économique.