L'ex-patron du monopole de l'électricité Anatoli Tchoubaïs a reconnu dimanche sa responsabilité dans l'accident meurtrier survenu le 17 août à la centrale Saïano-Chouchenskaïa, en Sibérie, tout en estimant qu'il n'aurait pas pu agir autrement à l'époque.

«En ce qui concerne ma responsabilité, j'étais responsable de tout ce qui se passait dans mon secteur et la mort de 75 de mes collègues ingénieurs électriciens, est pour moi une tragédie personnelle», a déclaré M. Tchoubaïs cité par l'agence RIÀ Novosti.

Des équipements vétustes et des erreurs humaines sont à l'origine de l'accident, selon les conclusions officielles publiées samedi dans lesquelles M. Tchoubaïs et d'autres hauts responsables du secteur au moment de la tragédie sont accusés d'avoir «créé des conditions qui ont contribué à l'accident».

«C'est peu connu mais les ingénieurs électriciens ont dû travailler pendant des années en prenant de gros risques», a souligné M. Tchoubaïs.

«Arrêter la centrale de Saïano-Chouchenskaïa alors qu'augmentait la consommation d'énergie (...) aurait été une catastrophe pour l'économie de la Sibérie et pour des millions de personnes qui vivent dans cette région», a-t-il ajouté.

Anatoli Tchoubaïs a «approuvé» la mise en exploitation de la centrale en 2000 sans «évaluer d'une manière appropriée la situation sécuritaire», d'après les conclusions de l'enquête du gouvernement russe.

Le chef du PC Guennadi Ziouganov a appelé dimanche à engager des «poursuites criminelles» contre M. Tchoubaïs, le père des privatisations russes qui dirige depuis septembre 2008 la société d'État chargée des nanotechnologies, et les autres responsables cités dans le rapport.

«Tchoubaïs ne pensait qu'à des bénéfices fabuleux et ce n'est pas le premier accident qu'il a sur la conscience», a déclaré M. Ziouganov à l'agence Interfax.

L'expert indépendant Vladimir Milov, ancien vice-ministre de l'Energie, a pour sa part qualifié le rapport de «commande politique».

«Il est ridicule d'accuser Tchoubaïs d'avoir signé un document autorisant la mise en exploitation de la centrale» qui avait fonctionné plus de 20 ans sans aucun acte officiel, a-t-il poursuivi sur la radio Echo de Moscou en estimant que les ministres soviétiques devaient aussi être interrogés.

Construit il y a trente ans par le pouvoir soviétique en Sibérie, le site de la centrale, à environ 4.300 kilomètres à l'est de Moscou, était le plus important ouvrage de ce genre en Russie et l'un des plus importants du monde.