La chancelière Angela Merkel se préparait lundi à former un nouveau cabinet avec les libéraux, après avoir reçu mandat pour mettre le cap à droite et relever les défis de la crise économique.

Les conservateurs (CDU/CSU) de Mme Merkel et leurs alliés libéraux du FDP ont remporté une majorité confortable avec 332 députés sur les 622 que comptera le Bundestag, selon les résultats officiels.

Les électeurs attendent d'eux qu'ils s'attaquent en priorité au chômage qui devrait augmenter fortement d'ici la fin de l'année, et à améliorer l'éducation, selon un sondage publié lundi par l'hebdomadaire Focus. La réforme du système de santé vient en troisième position des préoccupations.

Mais le prochain gouvernement devra aussi gérer l'engagement militaire en Afghanistan, impopulaire et de plus en plus meurtrier.

Angela Merkel a manifesté sa satisfaction d'avoir recueilli une majorité claire pour gouverner avec les libéraux. «Je suis heureuse des résultats d'hier et compte entamer la prochaine législature avec énergie et élan», a-t-elle déclaré lundi dans une conférence de presse.

Son parti conservateur, l'Union chrétienne-démocrate CDU/CSU, a pourtant  enregistré son plus mauvais résultat depuis 1949, avec 33,8% des voix, une baisse de 1,4 point de pourcentage par rapport aux législatives de 2005.

La victoire de la droite est due aux libéraux du FDP, qui ont réalisé leur meilleur score avec 14,6% et reviennent au pouvoir après onze ans.

La chancelière a voulu cependant marquer les limites de l'influence de son nouveau partenaire. «Je veux être la chancelière de tous les Allemands» et «l'Union reste un parti du centre», a-t-elle répété.

Elle a assuré que son parti aurait les mains plus libres avec les libéraux que dans la «grande coalition» sortante avec les sociaux-démocrates (SPD) qui avaient presque autant de sièges que les conservateurs.

Renate Köcher, analyste de l'institut de sondages Allensbach, a d'ailleurs relativisé la victoire des libéraux. «Une grande partie de leur succès s'explique parce que les électeurs de la CDU voulaient être sûrs que la grande coalition ne serait pas reconduite», a-t-elle expliqué aux journalistes.

Le FDP a fait campagne pour des baisses d'impôts, malgré l'endettement spectaculaire de l'Allemagne pour lutter contre la crise. La CDU/CSU se contente jusqu'à présent de promettre un allègement de 15 milliards d'euros.

«Nous sommes convaincus qu'un régime fiscal juste est la condition de la croissance et de la création d'emplois», a insisté le chef du FDP, Guido Westerwelle, en annonçant à la presse qu'il entamerait ses discussions avec la chancelière dès lundi.

L'indice vedette Dax de la Bourse de Francfort était en nette hausse lundi. Le marché avait souhaité cette nouvelle coalition de droite et en espère une dérégulation du marché du travail et des allègements de la fiscalité.

Ces attentes doivent être tempérées, relèvent cependant les analystes et les éditorialistes.

«Une fois au pouvoir, le FDP sera confronté aux réalités, prévoit Martin Lueck, économiste de la banque UBS. Des baisses d'impôts importantes seront impossibles parce qu'elles entraîneraient un déficit des finances publiques inacceptables».

Quant aux tentatives de réformer le marché du travail, «elles seront diluées par la CDU/CSU», ajoute M. Lueck.

Entretemps, le parti social-démocrate panse ses plaies après son pire score historique à 23%, et se prépare à retourner sur les bancs de l'opposition après onze ans au pouvoir.

L'extrême gauche Die Linke, qui a triomphé aux dépens du SPD en remportant 11,9% des voix, s'est déjà posée en «véritable conscience sociale» de l'Allemagne et lui mènera la vie dure.

En fait les trois «petits» partis ont saigné les formations traditionnelles. Les Verts aussi ont réalisé leur meilleur score historique: 10,7%.