Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso s'apprête à être reconduit facilement pour cinq ans mercredi avec, une possible cerise sur le gâteau, une majorité absolue susceptible de clouer le bec à ses détracteurs.

L'ancien Premier ministre portugais a achevé mardi une campagne électorale fastidieuse pour obtenir son second mandat, après des semaines d'incertitudes et de joutes politiques.

Dans un ultime plaidoyer devant 736 députés du Parlement européen, réunis en session plénière à Strasbourg, il a notamment promis de «combattre le dumping social», dans l'espoir de rallier des voix à gauche.

Quelque 400 élus sembleraient en passe de soutenir ce candidat unique, ce qui assurerait sa réélection avec un appui dépassant une majorité absolue de 369 voix.

Mais tout vote à bulletins secrets reste hasardeux et le bilan du Portugais reste controversé. Ce polyglotte de 53 ans, seul candidat en lice, a dû endurer des mois durant des attaques virulentes de tous bords et sa reconduction se fera sans enthousiasme au Parlement.

Les eurodéputés avaient refusé de l'investir dès leur session inaugurale en juillet, exigeant de lui un programme complet.

M. Barroso a obtempéré, dévoilant une cinquantaine de pages d'orientations générales, flattant toutes les sensibilités. En vieux routier de la politique, il a aussi réservé ses cartes maîtresses pour un marathon personnalisé devant presque chacune des sept familles politiques du Parlement.

Pour plaire aux libéraux, il a confirmé mardi qu'il créerait un poste de commissaire chargé de la Justice, des droits fondamentaux et des libertés civiles.

Le chef des libéraux, le Belge Guy Verhofstadt, lui a donc donné son «soutien conditionnel».

A l'intention des socialistes, le Portugais a promis un règlement pour mieux encadrer un texte décrié portant sur le détachement à l'étranger des travailleurs, qui a conduit à du «dumping social» selon les syndicats.

«Nous avons besoin d'une loi sur les services publiques, on ne peut pas privatiser jusqu'au dernier cimetière en Europe», lui a toutefois rétorqué le critique chef de file des socialistes Martin Schulz.

Si la famille conservatrice de M. Barroso est de loin la première formation du nouveau Parlement (265 élus), elle a besoin d'aide.

Les libéraux (84 députés) ont adouci leur discours belliqueux de juillet et le soutiendront à l'exception sans doute de 24 élus.

Quant aux socialistes (184 élus), ils voteront majoritairement contre ou s'abstiendront. Ils se montrent néanmoins divisés depuis que sept gouvernements européens, à gauche de l'échiquier, ont donné leur blanc seing à M. Barroso. Les 28 socialistes portugais et espagnols soutiendront le candidat ibérique.

M. Barroso peut compter parmi ses alliés le groupe des 54 eurosceptiques britanniques (tous des Tories), tchèques et polonais, des dissidents de centre-droit. Un soutien gênant, de l'avis des socialistes.

Les 32 membres d'un groupe de partis europhobes voteront contre Barroso. «Si le peuple irlandais dit non pour la deuxième fois (lors du référendum sur le traité de Lisbonne le 2 octobre), nous devrons le respecter et vous devrez alors partir», lui a assené mardi le Britannique Nigel Farage.

Le Portugais sera en outre recalé par les Verts (55 élus) et la gauche radicale (35 élus).

Si le «oui» arrive en tête parmi les élus présents mercredi dans l'hémicyle, M. Barroso sera réélu. Ce scénario ne fait plus aucun doute.

Mais si le traité de Lisbonne entre en vigueur, les règles deviendraient plus exigeantes: M. Barroso aurait besoin d'une majorité absolue. Idéalement, il doit donc recueillir d'emblée cet aval de plus de la moitié des députés.