L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a demandé vendredi au Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, qui va le juger, de réclamer des Etats-Unis la présentation de documents à sa décharge.

Radovan Karadzic affirme dans sa requête, adressée au TPI et accessible sur le site internet du tribunal, que le gouvernement américain devait lui fournir des documents pour sa défense --qu'il compte assurer lui-même-- mais que Washington n'a encore rien fait.

Ces documents attestent, selon lui, que les Etats-Unis ont des preuves que des Casques bleus de l'ONU, parmi eux des Américains, se sont livrés à «un trafic d'armes en faveur des Musulmans de Bosnie», en «violation d'un embargo des Nations unies sur les armes à destination de l'armée de Bosnie-Herzégovine».

Le prévenu serbe dont le procès devant le TPI pourrait commencer le 19 octobre prochain, selon un de ses juges, a adressé des requêtes similaires de transmission de documents concernant plus d'une dizaine d'autres pays.

Radovan Karadzic, 64 ans, arrêté en juillet 2008 à Belgrade après 13 ans de cavale, est accusé de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide pendant la guerre de Bosnie (1992-1995).

Il rejette onze chefs d'accusation retenus contre lui et a demandé la semaine dernière au TPI de lui accorder dix mois supplémentaires pour préparer sa défense.

Les documents réclamés à Washington «soutiendront la défense du Dr Karadzic (faisant valoir) qu'il y avait un objectif militaire légitime de lancer des opérations en mars 1995 contre les enclaves (musulmanes, ndlr) puisque celles-ci étaient devenues des zones protégées destinataires de trafics d'armes et à partir desquelles des attaques étaient lancées contre des civils serbes», écrit-il dans sa requête.

Radovan Karadzic est accusé en particulier d'être responsable du siège de Sarajevo au cours duquel 10 000 personnes ont été tuées et du massacre de l'enclave de Srebrenica (est de la Bosnie) en juillet 1995, au cours duquel 8 000 garçons et hommes musulmans ont été exécutés.