C'est la guerre ouverte entre Silvio Berlusconi et les évêques italiens. Vendredi dernier, le secrétaire d'État du Vatican, Tarcisio Bertone, a annulé, à la dernière minute, une rencontre avec le premier ministre italien.

La raison de ce soufflet: un quotidien de l'empire Berlusconi a affirmé que le directeur d'un influent quotidien catholique est homosexuel.

Pire: Il Giornale, propriété du frère de Berlusconi, a publié un document judiciaire montrant que Dino Boffo, directeur d'Avvenire, a été condamné pour avoir harcelé l'épouse de son amant.

 

M. Boffo, laïc, a plusieurs fois cet été déploré les fréquentations du premier ministre italien. M. Berlusconi a été accusé par son ex-épouse d'avoir eu des relations avec une mineure et a été associé par les médias à des prostituées de luxe.

Il Giornale se défend d'avoir voulu défendre le premier ministre en accusant M. Boffo.

Hier, dans Avvenire, publié par l'Assemblée des évêques italiens, M. Boffo a affirmé que le document judiciaire est un faux, mais, note le vaticaniste John Allen, il n'a pas nié avoir eu une relation homosexuelle et avoir harcelé l'épouse d'un de ses amants.

Une première

«Les documents de ce procès sont secrets, alors il est impossible de savoir qui a raison», explique M. Allen, qui écrit pour l'hebdomadaire américain The National Catholic Reporter.

«D'autre part, il est courant en Italie que des documents juridiques falsifiés circulent. Ce qui est exceptionnel, c'est qu'un parti de centre-droite et l'Église catholique se trouvent en guerre sur des questions de moralité.»

Selon M. Allen, cet épisode pourrait mener les catholiques à être plus sceptiques devant les partis de droite. «Auparavant, si un catholique était contre la gauche, à cause de l'avortement ou d'une autre question morale, il était nécessairement de droite. Mais finalement, la droite n'est pas nécessairement un antidote.»

Ces dernières années en Italie et en Espagne, l'Église a souvent fait campagne contre des gouvernements de gauche à cause de projets de loi de nature morale ou sexuelle, au bénéfice des partis de droite.