Les conservateurs de la chancelière allemande Angela Merkel pansaient leurs plaies lundi au lendemain de revers électoraux régionaux qui ont réduit leurs chances de former un gouvernement de droite après les législatives du 27 septembre.

À quatre semaines du scrutin le plus important en Allemagne, Angela Merkel a peut-être du souci à se faire. Depuis des semaines, les sondages prédisaient que les résultats des législatives lui permettraient d'abandonner sa coalition avec les sociaux-démocrates pour former un gouvernement avec les libéraux du FDP.

Les mauvais résultats dimanche remettent cette perspective en question.

L'Union démocrate-chrétienne (CDU) de Mme Merkel a enregistré un recul important dans deux régions par rapport à 2004, la Sarre (-13 points de pourcentage) et la Thuringe (-11,8 points) où elle perd dans les deux cas sa majorité absolue, selon des résultats encore provisoires.

Elle n'est même pas assurée de pouvoir participer aux gouvernements régionaux en Sarre (frontalière de la France) et en Thuringe (ex-RDA). Tout dépendra en effet du jeu des alliances et les négociations de coalition s'annoncent longues et sans doute ardues.

En Saxe (ex-RDA) où l'on votait également dimanche, la CDU est en revanche parvenue à se maintenir.

Angela Merkel reste certes très populaire puisque 62% des Allemands souhaitent qu'elle soit reconduite dans ses fonctions mais son alliance avec les libéraux n'est pas forcément à sa portée. Elle lui avait déjà échappé aux dernières législatives.

Le FDP en pleine ascension a quasiment doublé son score par rapport à 2004 alors qu'il était jusqu'ici quasi-inexistant en ex-RDA. Mais au fil des scrutins, locaux, régionaux ou européens, le CDU perd continuellement des voix.

Pour le politologue J-rgen Falter, une coalition conservateur-libéraux reste incertaine.

«Cette option a toujours été en danger, a-t-il déclaré au Thuringer Allgemeine. Un tiers des électeurs sont toujours indécis (...) le résultat sera très serré le 27 septembre».

Le rival de Mme Merkel à la chancellerie, le ministre social-démocrate des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a vu dans les résultats de dimanche le signe que «ce pays ne veut pas d'une coalition noire-jaune (CDU-FDP)».

«Ceux qui disent que les législatives sont jouées d'avance ont commis une grosse erreur», a martelé M.Steinmeier. Pour autant, le recul des conservateurs n'a que peu profité au SPD.

«Alors que (le parti de la Gauche radicale) die Linke effectue une montée en puissance depuis 2004, le SPD profite à peine de la faiblesse des Unions» chrétiennes (la CDU et son alliée bavaroise de la CSU), relève le Tagesspiegel.

De fait, die Linke apparaît comme l'un des grands vainqueurs de ces élections régionales. En Saxe et en Thuringe où le chômage est deux fois plus élevé que dans certaines régions de l'Ouest, il est même la deuxième force politique, devant le SPD.

En Sarre, die Linke, emmenée par son dirigeant Oskar Lafontaine a triomphé avec un bond de 19 points par rapport à 2004. Il devrait ainsi pour la première fois participer à un gouvernement régional à l'Ouest ce qui constituerait une sensation pour ce parti qui regroupe notamment les néo-communistes de l'ex-RDA.

Comme en Thuringe, une coalition rouge-rouge-verte semble le scénario le plus réaliste.

La CDU, emmenée par une Angela Merkel qui a grandi en RDA, devrait en profiter une nouvelle fois pour agiter l'épouvantail «rouge». Pourtant, vingt ans après la chute du Mur de Berlin, construit par les communistes est-allemands, le SPD exclut toute alliance avec die Linke au niveau national.