Enlisé dans les sondages à six semaines des législatives allemandes, le parti social-démocrate a sonné la charge ce week-end avec des attaques personnelles contre la chancelière conservatrice Angela Merkel.

Le candidat social-démocrate à la chancellerie (SPD) et ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a accusé Mme Merkel de malhonnêteté intellectuelle.

«Elle a encore une fois promis des baisses d'impôts qui n'auront pas lieu (...) La CDU ne dit pas aux électeurs avant les élections ce qu'elle compte faire après. Moi, je conçois l'honnêteté de manière différente», a dit M. Steinmeier sur la chaîne de télévision ARD.

Le chef du SPD Franz Müntefering a pour sa part estimé que Mme Merkel se moquait des chômeurs et qu'elle s'intéressait avant tout à sa carrière politique.

«Mme Merkel diffame l'idée du plein emploi» promis par le SPD, mais la vérité, c'est que «le grand nombre des chômeurs lui est égal», a-t-il lancé dans une interview au journal Bild am Sonntag dimanche.

«Depuis le début, elle mène une politique sous l'angle du "que faire pour rester chancelière?" Elle ne s'est pas d'abord demandé: qu'est-ce qui est bon et nécessaire pour le pays ?», selon M. Müntefering.

Objectif de ces attaques: faire sortir Mme Merkel de sa réserve, dans l'espoir d'une joute qui mobiliserait enfin l'électorat de gauche.

Car pour l'instant «il n'y a aucune trace d'une campagne électorale chaude», commentait cette semaine le politologue Rudolf Korte sur la chaîne de télévision ARD.

Or la situation est inquiétante pour le SPD: 83% des Allemands considèrent qu'Angela Merkel va être réélue, selon un sondage Emnid publié dimanche. Seuls 9% imaginent M. Steinmeier chancelier.

Concurrencés sur leur gauche par le parti radical Die Linke, les sociaux-démocrates n'obtiendraient qu'entre 21 et 23% des voix pour le scrutin du 27 septembre, un score historiquement bas, à en croire les derniers sondages. Die Linke recueillerait 9 à 11%, les Verts 11 à 13%.

Le camp CDU-CSU de Mme Merkel est crédité de 37% des intentions de vote et les Libéraux (FDP), avec lesquels Mme Merkel souhaite gouverner, 13 à 15%, assez pour constituer ensemble une majorité.

Les sociaux-démocrates espèrent bien pouvoir encore renverser la vapeur.

Pour Franz Müntefering, le SPD a «clairement le potentiel» pour remonter au moins à 33% des suffrages, score réalisé en 1990.

Pour faire mouche, les sociaux-démocrates ont multiplié les promesses électorales, annonçant il y a une semaine la création de 4 millions d'emplois d'ici 2020, un plan moqué par la presse et les analystes économiques.

Face à eux, Mme Merkel capitalise sur le redressement de l'économie au deuxième trimestre et s'applique à rester au-dessus de la mêlée, laissant son entourage mener les premiers combats sur le front électoral.

Alors que le secrétaire général de la CDU, Ronald Pofalla, a fustigé les promesses «pas sérieuses» du SPD, Mme Merkel s'est abstenue ce week-end d'attaquer ses adversaires, lors d'un congrès régional de son parti en Basse-Saxe.

Mme Merkel «reste dans un flou souverain», une attitude habile «car dans un climat de crise économique, on souhaite de la sécurité et du calme», juge Rudolf Korte. Selon lui, elle se rend «difficilement attaquable» en se posant en «modératrice de la grande coalition» gouvernementale CDU-SPD.

Reste à voir si elle compte ou non mordre à l'hameçon du SPD.