Le premier ministre russe Vladimir Poutine a défié la Géorgie en promettant à la région sécessionniste d'Abkhazie tout le soutien militaire et financier dont elle pourrait avoir besoin.

L'homme fort de Russie a fait cette promesse mercredi en lors de «sa première visite» en Abkhazie depuis le 26 août 2008, date à laquelle Moscou avait reconnu l'indépendance des territoires rebelles d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud dans la foulée de la guerre entre la Russie et la Géorgie pour le contrôle de l'Ossétie du Sud. Cette visite intervient aussi moins d'une semaine après les célébrations liées au premier anniversaire du conflit ossète, sur fond de tensions exacerbées entre Moscou et Tbilissi, qui s'accusent mutuellement de «provocations» à la frontière.

M. Poutine y a employé un ton offensif à l'encontre de la Géorgie, prévenant à l'issue de ses entretiens avec les responsables locaux qu'«il n'y aura pas de retour à la situation des années précédentes».

«La Russie fournit et va fournir un soutien économique et politique systématique, et si nécessaire, militaire à l'Abkhazie», a-t-il assuré.

Il a fait savoir que les observateurs de l'ONU ou de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) ne seraient admis à patrouiller dans la région que si leurs organisations acceptaient de reconnaître l'indépendance du territoire.

«En Abkhazie comme en Russie, nous ne sommes pas contre le fait qu'il y ait des observateurs étrangers de différentes organisations et de l'ONU, et de l'OSCE, mais il faut être réaliste, les accords avec l'Abkhazie doivent être conclus une fois son indépendance reconnue», a-t-il dit.

La Russie s'était opposée à la mi-juin au renouvellement des missions d'observation de l'ONU et de l'OSCE dans la région.

La Russie et le Nicaragua sont actuellement les seuls pays à avoir reconnu l'indépendance des deux territoires géorgiens contestés où des milliers de militaires russes sont aujourd'hui stationnés.

Avant son arrivée à Soukhoumi, M. Poutine avait déclaré à des médias abkhazes qu'il ne pouvait pas exclure un nouveau conflit avec la Géorgie tant que le président Mikheïl Saakachvili serait au pouvoir.

«Rien ne peut être exclu compte tenu des dirigeants géorgiens actuellement au pouvoir», a-t-il affirmé.

Toutefois, toute tentative de la Géorgie de recourir à la force contre les régions sécessionnistes serait à présent «beaucoup plus difficile», a-t-il estimé.

Le voyage de M. Poutine a été vivement condamné à Tbilissi, où le ministère des Affaires étrangères a fait part de ses «vives protestations face à cette nouvelle tentative de déstabiliser la situation et de faire monter la tension dans le Caucase».

Le ministère dénonce dans un communiqué une «provocation menée dans la parfaite tradition des services spéciaux soviétiques».

Il s'agit d'une «nouvelle preuve que la Russie continue de défier les normes internationalement reconnues et les principes du droit international», conclut-il.

«Nous allons mettre en place un système de gardes-frontières moderne (...) Toutes ces mesures représentent des garanties de sécurité supplémentaires sérieuses pour l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud», a dit M. Poutine aux dirigeants locaux.

«Tout cela coûtera environ 15 à 16 milliards de roubles» (environ 328 millions d'euros), a-t-il précisé.

M. Poutine a insisté sur le fait que l'Abkhazie devait aussi développer ses propres ressources économiques, notamment le tourisme.