La Russie et la Géorgie vont-elles repartir en guerre, comme en août 2008? Un an après cet été meurtrier, les signaux de tension se multiplient à la frontière entre la Géorgie et l'Ossétie du Sud, la région sécessionniste appuyée par Moscou.

Cette semaine, les Géorgiens ont accusé les Sud-Ossètes d'avoir déplacé leurs bornes frontalières. Les Russes, eux, ont soutenu que les Géorgiens tirent des grenades sur l'Ossétie.

 

«Nos troupes en Ossétie du Sud infligeront une cuisante défaite aux agresseurs géorgiens avant même que ceux-ci n'atteignent le territoire sud-ossète», a déclaré mardi le ministère russe de la Défense.

Cette déclaration pourrait faire partie d'un plan visant à préparer «une séquence d'événements pour justifier une intervention militaire», suppose un des grands spécialistes de la politique de défense russe, Pavel Felgenhauer.

Escarmouches, avertissements, troupes en état d'alerte: le scénario ressemble à celui qui avait précédé la guerre éclair de l'an dernier.

«Des incidents violents et l'absence de mécanismes de sécurité efficaces créent un climat dangereux où des combats importants pourraient éclater», concluait déjà en juin l'International Crisis Group (ICG).

Depuis, rien n'a changé. La Russie ne respecte toujours pas les termes du cessez-le-feu et maintient ses troupes en Ossétie du Sud et en Abkhazie - l'autre région sécessionniste de la Géorgie.

Plus troublant: Moscou a obtenu le départ de tous les observateurs internationaux postés dans les régions sécessionnistes. Résultat: il n'y a plus aucun regard neutre pour rapporter ce qui s'y passe, un «vacuum d'information potentiellement dangereux» selon le représentant du ICG à Tbilissi, Lawrence Sheets.

En même temps, la situation a évolué depuis un an. Et plusieurs analystes estiment que si une nouvelle guerre est possible, l'hypothèse reste peu probable, du moins dans l'immédiat.

«Le danger d'une guerre est présent, mais les chances qu'elle éclate maintenant ne sont pas élevées», croit David Kakabadze, chef du bureau caucasien de Radio Free Europe.

Le 7 août 2008, prenant pour prétexte les provocations des Sud-Ossètes, la Géorgie avait lancé ses troupes contre la région rebelle, avant d'être repoussée en quelques jours par l'armée russe.

Il est peu probable que le président Mikheïl Saakachvili, dont le régime a miraculeusement survécu à ce fiasco, ait envie de remettre ça.

De leur côté, les Russes n'ont pas intérêt à reprendre une guerre qu'ils ont déjà, en bonne partie, gagnée. Car même si elles n'ont été reconnues que par Moscou, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie sont déjà, de facto, séparées de la Géorgie.

Les dirigeants russes avaient une autre raison de pousser leurs tanks au coeur de la Géorgie: réaffirmer que celle-ci fait partie de leur zone d'influence où l'OTAN n'est pas bienvenue. Le message a passé: l'organisation militaire ne montre plus aucun empressement à accueillir la Géorgie...

Enfin, depuis le changement de garde à la Maison-Blanche, Washington a multiplié les mises en garde tant aux Russes qu'aux Géorgiens.

Reste que la Géorgie a une grande importance stratégique, avec le projet de construction du gazoduc Nabucco, par exemple, que Moscou voit d'un mauvais oeil.

Et il y a le facteur humain. Vladimir Poutine avait juré de pendre le président géorgien par vous savez quoi, et pourrait avoir envie de mener son projet à terme. En d'autres termes: même si les tensions actuelles pourraient n'être qu'une salve d'anniversaire, le cocktail caucasien demeure explosif.