Un tribunal d'Augsbourg, en Allemagne, a décidé mardi de maintenir en détention l'ancien marchand d'armes Karlheinz Schreiber en attendant qu'il soit jugé pour son rôle présumé dans un scandale financier impliquant l'ancien chancelier Helmut Kohl.

Le juge en charge du dossier a statué qu'il y avait un risque que Schreiber prenne la fuite.

Le tribunal étatique d'Augsbourg, en Bavière, a donc tranché, lors d'une audience à huis clos, que l'ancien lobbyiste de l'industrie de l'armement, âgé de 75 ans, devrait être maintenu en détention en attendant son procès, a expliqué mardi le porte-parole du tribunal, Karl-Heinz Haeusler.

Schreiber est arrivé en Allemagne lundi, après qu'il eut perdu sa bataille judiciaire de 10 ans visant à éviter son extradition du Canada.

L'homme d'affaires, qui possède la double nationalité allemande et canadienne, fait face à des accusations de détournement de fonds, de corruption, de fraude fiscale et d'abus de confiance. Il risque une peine allant jusqu'à 15 ans de prison.

Le procureur Reinhard Nemetz a affirmé que Schreiber, par le biais de son avocat, avait plaidé non coupable à toutes les accusations retenues contre lui lors de l'audience, mardi matin.

Les accusations découlent d'allégations selon lesquelles Schreiber et d'autres personnes auraient touché de l'argent à la suite d'une transaction visant à livrer des véhicules blindés en Arabie saoudite, au début des années 1990.

Le tribunal doit maintenant se prononcer sur la date du procès. Il n'a pas été précisé à quel moment cette décision serait prise.

Karlheinz Schreiber est considéré comme l'un des acteurs-clé du scandale des caisses noires qui a éclaboussé l'Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti de l'ancien chancelier Helmut Kohl, dans les années 1990.

A l'époque, Schreiber s'était réfugié au Canada où il avait réussi jusqu'ici à éviter son extradition.

Schreiber aurait offert un don en espèces, en 1991, à l'ancien trésorier du CDU, Walther Leisler Kiep. Le scandale avait par la suite pris de l'ampleur lorsque M. Kohl a reconnu en 1999 avoir personnellement accepté des dons non comptabilisés - et donc illégaux - de la part de partisans.

Les procureurs avaient cependant abandonné l'enquête criminelle menée contre M. Kohl, sans porter d'accusation, après qu'il eut accepté de payer une lourde amende.