Au lendemain de la présidentielle au Kirghizistan, l'OSCE a dénoncé vendredi un scrutin entaché d'irrégularités, avec des bourrages d'urnes mais aussi des problèmes généralisés dans le décompte des bulletins.

D'après les premiers résultats partiels officiels portant sur 85% des voix dépouillées, le président sortant Kourmankek Bakiev est largement réélu, alors que son principal adversaire s'était retiré la veille, dénonçant des fraudes massives.

Parlant d'un scrutin «décevant», le rapport de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) cite de nombreux incident de bourrage des urnes et critique vivement le décompte des voix: selon les observateurs sur place, il a été inacceptable dans plus de la moitié des bureaux de vote. En outre, le président sortant a utilisé les fonds de l'État pour s'assurer un nouveau mandat de cinq ans, dénonce l'OSCE.

«Tristement, cette élection n'a pas montré les progrès que nous attendions, et a une nouvelle fois échoué à respecter les standards que le Kirghizistan s'était engagé à respecter en tant que membre de l'OSCE», a estimé la responsable des observateurs Radmila Sekerinska dans un communiqué.

Le principal candidat de l'opposition, Almazbek Atambaïev, avait déjà jugé le scrutin frauduleux, le qualifiant d'"illégitime» et réclamant un nouveau vote. Atambaiev a parlé de bourrage des urnes et d'intimidations. Il a ajouté que le chiffre d'une participation de 80% des électeurs a été gonflé artificiellement.

La stabilité de cette république d'Asie centrale, frontalière avec la Chine et qui abrite la base militaire américaine de Manas, cruciale pour les opérations en Afghanistan, est importante tant pour Washington que pour Moscou, qui y rivalisent d'influence.

Un récent accord, qui autorise les Américains à garder Manas, garantit au pays une rente annuelle de 60 millions de dollars, ainsi que 120 millions de dollars d'investissements et d'aide. La crise financière mondiale et ses conséquences en Russie et au Kazakhstan, ont eu des conséquences désastreuses au Kirghizistan.

D'autant que le pays et ses cinq millions d'habitants est en proie à une crise politique, depuis plusieurs années. Kourmankek Bakiev, 59 ans, élu en 2005, a basé sa campagne sur le thème de la stabilité, l'opposition l'accusant de mener le pays, autrefois exemple démocratique en Asie centrale, sur la voie de l'autoritarisme.

Mais l'opposition n'entend pas baisser la garde, a ajouté Atambaïev, estimant que le gouvernement «veut diriger le peuple par le vol».