Le virus de la grippe A(H1N1) se propage dans le monde à une vitesse «sans précédent» par rapport à d'autres épidémies, a averti vendredi l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a renoncé à fournir des statistiques globales sur la pandémie.

«Au cours des pandémies dans le passé, il a fallu plus de six mois aux virus grippaux pour se propager aussi largement que l'a fait le nouveau virus H1N1 en moins de six semaines», a relevé l'organisation dans une note publiée sur son site internet.

Le grand nombre de contaminations en peu de temps «tient à une combinaison de facteurs», a expliqué à l'AFP vendredi un porte-parole de l'OMS, Gregory Hartl. «Le virus se propage très efficacement d'homme à homme, y compris en l'absence de symptômes» chez un porteur de la maladie, a-t-il noté. Par ailleurs, comme l'avait souligné l'organisation dès les premiers jours de l'épidémie, les virus se répandent aujourd'hui dans un monde globalisé à la vitesse des vols transatlantiques transportant hommes d'affaires et touristes.

Interrogé sur la manière dont les politiques de vaccination peuvent être déterminées en l'absence de statistiques globales, M. Hartl a rappelé que selon l'OMS «le virus ne peut plus être arrêté et que tous les pays vont avoir besoin de vaccin». Virtuellement, les 6,8 milliards d'habitants de la planète sont susceptibles d'être contaminés, a-t-il affirmé.

 

Plus de bilans

 

Face à cette situation, l'OMS estime qu'il n'est plus nécessaire voire contre-productif de demander aux pays les plus affectés de tenter de faire des statistiques exhaustives des cas de grippe A(H1N1) et a décidé de ne plus communiquer de bilans mondiaux sur la progression de la maladie.

L'OMS se bornera désormais à fournir des informations uniquement sur les pays nouvellement affectés. «Le comptage des cas individuels n'est plus essentiel (dans les pays les plus affectés) pour suivre le niveau ou la nature du risque posé par le virus pandémique» ou encore pour donner des indications sur la meilleure réponse à apporter à la maladie, selon l'organisation.

En revanche, il faudra «suive de près des événements inhabituels» comme par exemple des contaminations graves ou fatales au sein de groupes de population, ou des symptômes inhabituels qui pourraient signaler une aggravation de la dangerosité du virus. Selon le dernier bilan communiqué par l'OMS le 6 juillet, le virus A(H1N1) avait contaminé 94.512 personnes dans 136 pays et territoires, causant 429 décès. Désormais, les informations quantitatives sur l'évolution de la pandémie sont données de manière éparse par les pays eux-mêmes.

Depuis une dizaine de jours, selon les informations collectées par l'AFP, le bilan des patients décédés est passé à 137 morts en Argentine, à 125 au Mexique et a également augmenté au Canada (37 décès), au Royaume Uni (29 morts) et au Chili (25 morts).

Le bilan s'établit à huit décès en Uruguay, sept en Colombie, six en Equateur, cinq au Costa Rica, quatre en Espagne et trois au Pérou, au Paraguay et au Salvador. Un premier mort a été relevé à Hong Kong tandis que les Etats-Unis restent le pays le plus durement frappé avec 170 décès avérés. «Il n'est pas possible d'établir un taux de mortalité car chaque pays est dans une phase différente», a estimé M. Hartl.

Malgré tout, l'OMS a relevé «le caractère bénin jusqu'à ce jour des symptômes pour l'écrasante majorité des patients, qui se rétablissent généralement, même sans traitement médical, en une semaine après l'apparition des premiers symptômes».