Les pays pauvres de l'Afrique font les frais de l'indifférence des dirigeants du G8, qui accordent plus d'attention à des mises en scène médiatiques liées au tremblement de terre de L'Aquila qu'à la nécessité de respecter leurs engagements en matière d'aide, accuse Oxfam.

«Je suis consterné de voir le peu d'attention accordé à la question de l'aide au développement», a déclaré hier en entrevue à L'Aquila le directeur exécutif de la section canadienne de l'organisation, Robert Fox.

 

Le meilleur exemple de cette «indifférence», a-t-il dit, est que les dirigeants du G8 ont réservé une brève période matinale au dernier jour du sommet à une rencontre avec une dizaine de chefs d'État africains invités aux délibérations.

M. Fox déplore que la plupart des dirigeants des principaux pays industrialisés n'aient toujours pas respecté les engagements pris envers ce continent lors du sommet «historique» de Gleneagles, en 2005.

Les membres du G8 avaient alors promis de doubler la somme d'aide annuelle versée à l'Afrique pour atteindre 50 milliards par année en 2010, mais ils sont en retard de près de 15 milliards de dollars sur cet objectif, selon Oxfam.

«Seul le Canada a respecté son engagement de doubler son aide durant cette période, ce qui est tout à son mérite. Tous les autres sont en retard», a dit M. Fox.

Dans une déclaration commune diffusée mercredi, les pays du G8 ont réitéré leur engagement de respecter les promesses faites à Gleneagles malgré l'impact «sévère» de la récession sur leur économie. Le texte n'aborde pas les retards encourus.

Les chefs d'État insistent sur le fait qu'il est important «d'agir maintenant pour empêcher la crise économique de se transformer dans les pays pauvres en une grave crise sociale».

Nombre des pays les plus pauvres, confrontés à une baisse marquée de leurs revenus, ont sabré profondément les dépenses sociales «critiques» pour le bien-être de la population, notent les membres du G8.

En plus de réitérer les cibles de 2004, ils ont confirmé hier le lancement d'un plan de 15 milliards de dollars sur trois ans pour soutenir la production agricole dans les pays pauvres. Selon Oxfam, la majorité de cette somme provient des budgets d'aide existants des pays participants.

Le Canada entend réserver 600 millions de dollars de plus par année à cette fin. Le porte-parole du premier ministre Stephen Harper, Dimitri Soudas, a précisé que cet argent serait alloué à même le budget existant.