L'entourage de la jeune Française Clotilde Reiss, détenue en Iran depuis près d'une semaine, la dépeint comme une étudiante sérieuse et prudente, aux antipodes des accusations d'espionnage lancées par Téhéran.

«Clotilde n'est pas politique», a affirmé à l'AFP Rémi Reiss, père de la jeune lectrice de français à l'université d'Ispahan (centre). «Elle n'a pas d'engagement dans cette région, elle ne peut pas être considérée comme militante». «Ce n'est pas du tout un tempérament politique revendicatif», a-t-il insisté, décrivant sa fille âgée de 23 ans, arrêtée le 1er juillet, comme une jeune femme «valeureuse et altruiste qui ne fait pas de politique».

«Bien sûr, elle est innocente, elle n'a rien à se reprocher et on ne peut rien lui reprocher. Sa motivation, c'est l'art, c'est la culture, c'est la connaissance de l'Iran», a-t-il expliqué.

La jeune femme, initiée à la culture iranienne dès son plus jeune âge par une nourrice de ce pays, a ensuite étudié le farsi et s'est rendue en Iran à plusieurs reprises.

Son mémoire de fin d'études à l'Institut d'études politiques (IEP) de Lille, dont elle est diplômée en 2008, portait sur le système éducatif iranien et les manuels scolaires depuis le Révolution islamique.

Selon le directeur des études de l'IEP, Benoît Lengaigne, «c'était une étudiante déterminée et passionnée. Excellente élève, elle a eu toutes ses années avec mention».

Une de ses anciennes condisciples à Lille, Sophie Taboni, se souvient d'une «fille très discrète, douce, sérieuse».

«Clotilde était en Iran ces cinq derniers mois dans le cadre de la coopération franco-iranienne comme lectrice de français» à l'université d'Ispahan, a rappelé son père.

«Elle devait rentrer en France. Comme elle vient de travailler cinq mois, elle voulait aussi prendre des congés, passer par le Liban et la Turquie», a-t-il précisé.

Selon le ministère français des Affaires étrangères, il est reproché à la jeune femme d'avoir pris des photos avec son téléphone portable de manifestations à Ispahan après la réélection contestée du président iranien Mahmoud Ahmadinejad.

Les autorités iraniennes n'avaient toujours fait aucune déclaration mardi sur son cas.

Une autre de ses camarades de l'IEP Lille, Camille, qui n'a pas donné son nom de famille, a raconté à l'AFP avoir reçu, avec d'autres «un email de notre copine Clotilde très simple, racontant ce qu'elle voyait, en tant que spectatrice, témoin des grandes manifestations».

«Si on regarde les personnes qui sont dans l'email, c'est vraiment ses proches, ses amis», a indiqué une autre membre de ce cercle d'amis, prénommée Morgane. «Donc il n'y a aucune intention politique derrière, c'est évident. Elle l'a fait en toute innocence».

Selon Leili Anvar, maître de conférences en farsi à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), qui a eu Clotilde Reiss comme étudiante, «c'est une jeune femme charmante, passionnée, très intéressée par la culture, absolument pas le profil de l'agent ou de l'espion».

«C'est une étudiante assez brillante et passionnée, charmante, comme tous les profs rêvent d'en avoir (...) quelqu'un d'extrêmement doux», a jouté Leili Anvar, affirmant avoir été «surprise» en apprenant l'identité de l'«universitaire» inquiétée par les autorités iraniennes.