George W. Bush et Vladimir Poutine ont amené les relations entre la Russie et les États-Unis à leur plus bas depuis la fin de la guerre froide. Afin de réchauffer le climat diplomatique, Barack Obama et Dmitri Medvedev ont choisi de laisser de côté les sujets délicats et de multiplier les accords.

En multipliant les accords avec Dmitri Medvedev, Barack Obama a donné un nouvel élan hier à une relation entre les États-Unis et la Russie qu'il souhaite «ni bonne ni mauvaise mais productive», pour reprendre l'expression de Michael McFaul, conseiller de la Maison-Blanche pour les affaires russes.

 

McFaul avait utilisé cette formule à la veille du départ du président américain pour une nouvelle tournée diplomatique dont la première étape, Moscou, est peut-être la plus importante.

«J'insiste sur le mot «productif» par opposition au mot «bon» ou «mauvais»», avait dit le conseiller à un groupe de journalistes. «Nous voulons faire affaire avec les Russes sur les sujets qui concernent notre sécurité nationale commune et notre prospérité.»

Autrement dit, le président Obama veut remplacer la diplomatie des sentiments par celle du pragmatisme en ce qui a trait aux relations de son pays avec la Russie. Ainsi, il ne plongera pas son regard dans celui de son homologue russe pour y découvrir une «âme», comme l'avait fameusement annoncé George W. Bush lors de sa première rencontre avec Vladimir Poutine.

Et il n'abordera pas la Russie uniquement comme un État plus ou moins voyou, comme l'avait également fait son prédécesseur après avoir réalisé que l'âme de Poutine était celle d'un dirigeant autoritaire.

«L'idée est de ne plus voir la Russie comme un problème que l'Amérique devrait régler, mais comme un pays partenaire avec lequel on va s'efforcer d'aborder des sujets cruciaux», a déclaré Sarah Mendelson, spécialiste de la Russie au Centre d'études internationales et stratégiques de Washington.

Barack Obama s'est attelé à cette tâche hier. Il a notamment signé avec son homologue russe un accord sur la réduction des arsenaux nucléaires de leur pays respectif. Et il a obtenu de son hôte l'ouverture de l'espace aérien russe pour acheminer soldats et matériel militaire américains vers l'Afghanistan.

Ce «redémarrage» des relations russo-américaines, pour employer une autre expression à la mode à Washington, est loin de garantir l'avènement d'une ère de bonne entente entre les deux grands adversaires de la guerre froide. Les États-Unis et la Russie continuent notamment de diverger sur plusieurs dossiers, dont le projet de bouclier antimissile américain en Europe.

Le président pourrait également indisposer ses hôtes aujourd'hui à l'occasion d'un discours majeur sur les relations russo-américaines. Il n'abordera pas seulement la manière dont les deux pays doivent traiter les problèmes du XXIe siècle, mais également les questions des droits de l'homme et de la démocratie.

Son allocution risque cependant d'avoir un impact restreint auprès de la population de Russie puisque seule une chaîne secondaire la retransmettra.

POULS DIPLOMATIQUE

Au gré de l'évolution des relations diplomatiques entre leurs deux pays , les dirigeants des États-Unis et de la Russie se sont rencontrés à de nombreuses reprises. Voici quelques dates qui ont marqué l'histoire.

1945

Joseph Staline et Franklin D. Roosevelt se rencontrent à Yalta pour discuter du sort de l'Allemagne et du Japon après la Deuxième Guerre mondiale. Winston Churchill est aussi présent.

1959

Le président américain Dwight D. Eisenhower accueille le secrétaire général Nikita Khrouchtchev aux États-Unis. La rencontre symbolise le réchauffement des relations entre les deux pays.

1972

Richard Nixon est le premier président américain à faire une visite officielle en Union soviétique depuis la rencontre de Yalta. Un traité sur la limitation des armes nucléaires est signé.

1986

Le secrétaire général Mikhaïl Gorbatchev et le président américain Ronald Reagan se rencontrent à Genève. Ils s'entendent pour diminuer de 50% leurs arsenaux nucléaires.

1991

Le président américain George Bush et Mikhaïl Gorbatchev signent le traité de non-prolifération START à Moscou.

1992

Boris Eltsine est le premier président russe à visiter les États-Unis depuis l'effondrement de l'Union soviétique. Il signe une déclaration commune avec George Bush dans laquelle les deux présidents indiquent que leurs pays ne se considèrent plus «comme des ennemis potentiels».

1997

Bill Clinton et Boris Eltsine signent, à Paris, le traité qui stipule que l'OTAN et la Russie ne se considèrent plus comme des adversaires.

2008

George W. Bush et Vladimir Poutine se réunissent à Sotchi, aux abords de la mer Noire. Jamais, depuis la fin de la guerre froide, les relations entre les deux pays n'ont été aussi tendues. Le projet de bouclier antimissile américain est au coeur de leur dissension. La rencontre se termine sans résultats probants.

Sources: bbc.uk, département d'État des É.-U., Agence France-Presse