À l'avant-veille du sommet du G8 en Italie, Nicolas Sarkozy et Gordon Brown ont affiché lundi à Evian (centre-est) leurs ambitions communes sur le climat, la régulation financière et la relance de la croissance, et adressé un nouveau message de fermeté à l'Iran.

Au terme de leur rencontre dans un hôtel surplombant le lac Léman, à la frontière franco-suisse, le président français et le premier ministre britannique ont fait assaut de «convergences» sur les grands sujets de l'heure, au nom de «l'entente formidable» entre leurs deux pays.

En matière de régulation financière, ils ont exprimé la même volonté de pousser les réformes annoncées au G20 de Londres en avril et de faire en sorte que le prochain sommet prévu en septembre à Pittsburgh (États-Unis) soit «aussi ambitieux».

«Il faut accélérer le rythme des réformes (...) là ou les règles de transparence ne sont pas respectées», a lancé Gordon Brown. «Ceux qui imaginent que, après la crise, ils pourront recommencer leurs petites affaires comme avant, nous nous mettrons en travers», a grondé Nicolas Sarkozy.

«Le Royaume-Uni et la France travaillent main dans la main pour pousser au changement», a insisté le président français en se félicitant que Londres ait finalement, après s'y être opposé, donné son feu vert à un renforcement des règles européennes en la matière à Bruxelles en juin.

Le chef du gouvernement britannique a également insisté sur la nécessité de «faire en sorte que la croissance revienne le plus rapidement possible». «Nous ne pouvons pas nous permettre plusieurs années de croissance atone», a renchéri M. Sarkozy.

En matière de lutte contre le réchauffement du climat, au menu du G8 de L'Aquila (Italie) à partir de mercredi, MM. Sarkozy et Brown ont défendu le même volontarisme à six mois du sommet mondial de Copenhague.

«Je ne veux pas que le monde recule à Copenhague», a assuré Gordon Brown. Il «ne reste plus que six mois, il faut se mettre d'accord sur des objectifs intermédiaires», a-t-il ajouté.

«Nous ne nous satisferons pas d'objectifs à très long terme, nous voulons des objectifs à moyen terme pour assurer leur crédibilité», a affirmé aussi M. Sarkozy, concédant toutefois que Londres n'était pas encore convaincu par le principe de la taxe carbone.

À l'endroit de l'Iran, Gordon Brown a brandi la menace d'une réponse des pays européens qui «agiront ensemble» contre l'Iran s'il continue de prendre des mesures à l'encontre de Britanniques en Iran. M. Sarkozy s'est dit «totalement solidaire».

Neuf employés de l'ambassade ont été arrêtés le 28 juin après les manifestations contre la réélection du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, dont huit ont été libérés depuis. Deux diplomates avaient été expulsés quelques jours auparavant.

L'Iran accuse Londres et plus généralement les Occidentaux d'avoir contribué aux émeutes qui ont fait au moins 20 morts après la présidentielle du 12 juin. Les Occidentaux démentent, tout en mettant en doute la validité du scrutin et en dénonçant la répression violente des manifestations.

Sur le front bilatéral, Paris et Londres ont signé lundi des déclarations pour réformer la gouvernance mondiale, renforcer leur coopération contre l'immigration clandestine ou développer l'énergie nucléaire.

En matière d'immigration, les deux gouvernements se sont engagés à «augmenter de manière significative le nombre de retours forcés d'étrangers en situation irrégulière et leur réintégration dans leur pays d'origine ou de transit», selon le texte paraphé lors du sommet.

Les deux pays ont aussi exprimé leur volonté de «trouver une issue positive» aux dérapages financiers du programme d'avion de transport militaire A400M, menacé par d'importants retards.