Des milliers de jeunes Russes se sont rassemblés lundi à l'aube à Moscou, à l'appel du mouvement pro-Kremlin «Nachi» (Les Nôtres), pour célébrer l'héroïsme soviétique pendant la Seconde guerre mondiale, Moscou jugeant qu'il est trop souvent passé sous silence.

Des milliers de jeunes Russes se sont rassemblés lundi à l'aube à Moscou, à l'appel du mouvement pro-Kremlin «Nachi» (Les Nôtres), pour célébrer l'héroïsme soviétique pendant la Seconde guerre mondiale, Moscou jugeant qu'il est trop souvent passé sous silence.

Convoyés par bus de différentes régions de Russie, ils ont convergé vers le Mont des Moineaux, près de la rivière Moskova, à l'heure où les armées du Troisième Reich lancèrent leur offensive sur l'Union soviétique, le 22 juin 1941, à 04H00 heure de Moscou (20H00 HAE dimanche).

«Ils (les soldats de l'Armée rouge, ndlr) ont été victorieux. Ils sont ensuite revenus à la maison et ont reconstruit tout ce qui avait été détruit. Ils ont envoyé un homme dans l'espace», a lancé le chef des Nachi, Nikita Borovikov.

«Nous vous remercions et nous nous inclinons devant vous», a-t-il ajouté dans un discours devant ses partisans.

Les manifestants tenaient des bougies alors que le jour se levait sur Moscou. Ils ont ensuite accroché des milliers de cloches aux arbres qui couvrent le Mont des Moineaux afin de créer une «allée de la mémoire».

Les Nachi -- un mouvement inspiré des jeunesses communistes qui a émergé sous la présidence de Vladimir Poutine -- a évalué à 15000 personnes le nombre de ses sympathisants sur place.

Un journaliste de l'AFP a vu des milliers de jeunes rassemblés sur la place qui fait face à l'Université de Moscou, sous bonne escorte policière.

L'annonce par la radio soviétique de l'invasion nazie, restée gravée dans les mémoires comme l'une des pages les plus sombres de l'histoire de l'URSS, était aussi retransmise par hauts-parleurs.

Le Kremlin, qui juge insuffisamment reconnue la victoire de l'Armée rouge sur l'Allemagne nazie, notamment dans les pays Baltes, vient de créer une commission spéciale afin de lutter contre «les falsifications de l'Histoire».

«Il y a toute une liste de faits historiques qui ont été récemment réécrits ou déformés, pour inculper la Russie», a expliqué lundi Konstantin Zatouline, député de la Douma (chambre basse du Parlement) et membre de cette Commission.

«Des États, qui sont en plus membres de l'Alliance atlantique (les pays Baltes, par exemple), essayent de présenter l'Histoire de la Seconde Guerre mondiale comme celle de leur occupation» par l'Union soviétique, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Moscou.

«La Russie ne peut pas avoir honte de son passé et s'incliner devant ces interprétations (de l'Histoire). Nous avons notre propre point de vue sur l'Histoire, confirmé par des faits réels», a dit M. Zatouline.

Les autorités russes préparent d'ailleurs une législation prévoyant jusqu'à cinq ans de prison en cas de révisionnisme de l'Histoire de la Deuxième guerre mondiale.

La Russie post-soviétique compte plusieurs dizaines de manuels d'Histoire sortis depuis l'effondrement de l'URSS fin 1991, et les interprétations historiques y varient.

Mais pour neuf Russes sur dix «la victoire de l'URSS sur l'Allemagne nazie» est le principal évènement du 20e siècle, selon un sondage récent du Centre Levada (indépendant).