Popularité en hausse, succès aux Européennes, essoufflement de la contestation sociale: le président français Nicolas Sarkozy veut profiter de ce nouvel élan, assez inattendu, pour lancer la deuxième «étape» de son mandat et présenter de nouvelles réformes.

M. Sarkozy lèvera le rideau sur son «projet économique et social» le 22 juin à l'occasion d'un discours, le premier du genre, devant les députés et sénateurs réunis en Congrès au château de Versailles, près de Paris.Cette adresse -- que lui permet une réforme votée à son initiative en juillet 2008-- a été annoncée à la surprise générale, dans la foulée des élections européennes du 7 juin où le parti présidentiel, l'UMP, est arrivé en tête avec 27,87% des voix.

Un succès sur lequel Nicolas Sarkozy voulait immédiatement rebondir.

Le discours du président français doit être suivi d'un débat auquel il ne participera pas. Un «simulacre de démocratie» et une «mascarade» pour les Communistes et les Verts, qui boycotteront la réunion.

«Un droit d'adresse monarchique», selon le député socialiste Pierre Moscovici dont le parti, encore sous le choc de la gifle reçue aux Européennes, écoutera le chef de l'État mais s'absentera lors du débat.

Mais pour l'heure, les réactions d'une opposition divisée et affaiblie ne semblent pas perturber le président français qui surfe sur une vague ascendante après un début d'année marquée par des records d'impopularité.

Si l'image de Nicolas Sarkozy reste globalement négative, la proportion des Français désapprouvant son action atteint son niveau le plus bas depuis un an et demi (52%), selon un sondage Ifop publié mardi.

«En période post-électorale, les mesures de l'opinion font souvent état d'une prime au vainqueur», souligne LH2, un autre institut, qui calcule la cote de popularité de M. Sarkozy à 44%.

Autre signe favorable pour le gouvernement: la faible affluence aux dernières manifestations mi-juin contre sa politique anti-crise. Au début de l'année, les syndicats avaient réussi à rassembler entre 1 et 2,5 milions de personnes, selon les sources.

Parmi les «nouveaux chantiers», Nicolas Sarkozy devrait retenir la lutte contre la crise, la réforme de l'État et des collectivités locales, ainsi que l'environnement, thème incontournable après le score élevé de la liste Europe Ecologie de Daniel Cohn-Bendit aux Européennes (16,26%), selon des responsables UMP et des ministres.

Mais Nicolas Sarkozy, élu en mai 2007 sur un vaste programme de réformes pour «moderniser» la France, semble vouloir aussi avancer sur des dossiers aussi sensibles que l'âge de la retraite.

Le premier ministre François Fillon, qui avait écarté l'an dernier l'idée de relever au delà de 60 ans l'âge légal de la retraite comme le propose le patronat, a jugé cette semaine que ce n'était «pas une question taboue».

La «deuxième» étape de son mandat, selon les mots de M. Sarkozy, sera également marquée par un remaniement ministériel, lié notamment au départ des ministres Rachida Dati (justice) et Michel Barnier (Agriculture), élus au parlement européen.

Les rumeurs vont bon train, notamment sur l'arrivée de nouvelles personnalités venues du centre, dans le cadre de «l'ouverture» prônée par le président français, mais le suspense devrait prendre fin la semaine prochaine, après le discours devant le Congrès.

Si la période semble donc favorable pour Nicolas Sarkozy, «sa fenêtre de tir est extrêmement étroite», soulignait mercredi le grand quotidien de droite, Le Figaro.

En rappelant les mauvais chiffres de l'économie-- un chômage en forte hausse et un creusement des déficits publics--, le journal émettait l'hypothèse d'une rentrée sociale chaude, après la parenthèse des grandes vacances.