Un policier grec du service anti-terroriste a été tué par balles mercredi par des inconnus dans une banlieue d'Athènes, nouvelle attaque contre la police depuis les émeutes de décembre en Grèce.

Le policier Nektarios Savas, qui se trouvait dans une voiture banalisée à l'arrêt, a été la cible de tirs d'armes automatiques alors qu'il gardait le domicile d'un témoin dans une affaire de terrorisme.Il a été atteint d'une quinzaine de balles tirées à bout portant par trois inconnus qui circulaient à moto. Il a été transféré peu après dans un hôpital où les médecins ont constaté son décès.

M. Savas, 41 ans, était marié et père d'un enfant. L'enquête a été confiée au service anti-terroriste auquel appartenait la victime.

L'attaque a eu lieu à 06h20 locales (11h20 HAE). Le policier venait de prendre son service pour protéger le domicile de Sofia Kyriakidou, témoin dans le procès en 2004 du groupe terroriste grec Lutte révolutionnaire populaire (ELA) contre son ex-mari Angeletos Kanas, un membre du groupe.

Arrêtés en février 2003, quatre membres du groupe ELÀ avaient été condamnés en octobre 2004 en première instance à 25 ans de prison, avant d'être tour à tour remis en liberté conditionnelle, la plupart pour raisons médicales.

Apparu en 1974, après la chute de la dictature des colonels, ELÀ a cessé ses activités en 1995, après quelque 250 attentats, visant pour l'essentiel des cibles américaines, policières, des banques et des organismes publics.

«Aucun groupe n'a revendiqué pour l'instant l'attentat», a précisé le porte-parole de la police, Panagiotis Stathis.

Il s'agit de la troisième attaque contre des policiers depuis décembre, a souligné M. Stathis.

Deux groupes terroristes locaux issus de l'extrême gauche, «Lutte révolutionnaire» (EA), actif depuis 2003, et la «Secte des révolutionnaires», apparue en février dernier, ont multiplié les actions violentes depuis les émeutes qui ont secoué le pays en décembre après la mort d'un adolescent tué par un policier à Athènes.

Ils ont notamment mitraillé un ministère où ils ont grièvement blessé un policier, et le commissariat de Korydallos dans la banlieue de la capitale, faisant des dégâts matériels.

EA, qui figure sur la liste des organisations terroristes établie par l'Union européenne, a revendiqué jusqu'ici onze attentats à Athènes.

Le groupe s'en prend régulièrement aux forces de l'ordre, avec un retentissant attentat contre un commissariat à Athènes à 100 jours des jeux Olympiques de 2004, et un attentat raté à la bombe en 2006 contre un ancien ministre de l'Intérieur, Georges Voulgarakis. ELÀ avait alors affirmé avoir voulu l'«exécuter».

Le groupe a aussi perpétré en janvier 2007 un attentat à la roquette contre l'ambassade américaine à Athènes, sans faire de victime.

Selon les experts, EÀ se pose en successeur du groupe grec du 17-Novembre, responsable de 23 assassinats entre 1975 et 2000 et démantelé en 2002. Ce groupe avait notamment tué des policiers, un en 1986 et un autre en 1991.

«Secte des révolutionnaires» est apparu le 5 février avec le mitraillage du commissariat de Korydallos, dont l'objectif revendiqué était de tuer les policiers présents.

Dans un texte extrêmement violent, le groupe avait par ailleurs menacé «d'exécuter» aveuglément des policiers grecs.