L'OTAN envisage de réduire par étapes de près de 16 000 à environ 2 000 ses effectifs militaires au Kosovo, mais à la condition absolue que la situation politique et la sécurité soit favorable, ont indiqué lundi des diplomates et responsables de l'Alliance atlantique.

Dans un premier temps, selon un haut responsable américain, les ministres de la Défense de l'OTAN, réunis jeudi et vendredi prochains à Bruxelles, examineront la proposition des chefs militaires alliés de réduire d'un tiers cette force, la Kfor, d'ici janvier 2010.

«Il est probable que les ministres donneront leur aval (...). Ce qui signifierait une réduction des troupes de la Kfor d'environ 15 000 aujourd'hui à 10 000 d'ici janvier 2010», a-t-il ajouté.

«Cette évolution est la prochaine étape juridique vers un transfert de responsabilités aux forces locales, mais (nous voulons) le faire de manière à assurer le maintien de la stabilité», a-t-il encore précisé.

La Kfor, assure depuis 1999 la sécurité dans ce territoire qui a déclaré son indépendance unilatérale de la Serbie en février 2008.

Depuis la mise en place progressive à partir de décembre 2008 de la mission européenne de justice et de police, Eulex, plusieurs pays contribuant à la Kfor souhaitent s'en retirer.

Selon un diplomate de l'OTAN, les chefs d'état-major des 28 pays ont avalisé la proposition du commandant en chef de l'OTAN en Europe de réduire la Kfor «en trois ou quatre étapes».

Après la réduction à 10 000, la Kfor «serait à l'épate suivante réduite à 5 000 et quelque soldats, et même moins ensuite, autour de 2 000», a-t-il précisé.

Toutefois, a-t-il souligné, «aucun calendrier précis n'a été fixé», car il faudra au prélable «à chaque fois que les alliés évaluent la situation».

Quant à «l'option zéro», celle d'un retrait total de la KFOR, «elle n'est pas envisagée pour l'instant».

«Le plan du commandant en chef», le général américain John Bantz Craddock, qui sera soumis à l'approbation des ministres «n'envisage pas de retirer toute la Kfor», a confirmé un autre diplomate à l'AFP.

Le porte-parole de l'OTAN James Appathurai a insisté sur le fait que «si la taille ou la configuration de la KFOR étaient modifiées» par les ministres des 28 pays alliés, «une telle décision serait fondée sur des critères politiques avant de l'être sur des critères militaires».

Un responsable de l'OTAN a confié qu'«il ne faut pas donner l'impression dans les Balkans que tout le monde (parmi les alliés) fonce vers la sortie».

Le ministre des Affaires étrangères kosovar Skender Hyseni a réagi à ces informations en assurant que «si l'OTAN réduit ses forces au Kosovo, c'est un fait qui parle en faveur de la situation de stabilité qui s'est instaurée au Kosovo».

«Nous ne voyons dans cette réduction des forces militaires de l'OTAN rien de dramatique, bien au contraire», a-t-il ajouté au cours d'une conférence de presse à Paris, où il accompagnait lundi le Premier ministre kosovar Hashim Thaçi.

M. Hyseni a souligné qu'une telle réduction des troupes de l'OTAN se ferait «parallèlement» à la montée en puissance des propres forces de sécurité du Kosovo.

La semaine dernière, le secrétaire général de l'OTAN Jaap de Hoop Scheffer avait estimé «prématuré» un retrait de la Kfor.

Mais un diplomate avait reconnu que l'alliance militaire occidentale s'orientait vers «un retrait par étapes, en fonction de l'évaluation de la situation politique» dans le territoire à majorité albanophone.