Un avion de la compagnie Air France en provenance de Rio de Janeiro a «disparu» dans la nuit de dimanche à lundi au-dessus de l'océan Atlantique, à plus de 500 kilomètres de la côte nord-est du Brésil, avec 228 personnes à bord.

L'appareil, un Airbus A330, devait se poser à l'aéroport Charles-de-Gaulle de Paris vers 11h10 heure locale (5h10 heure de Montréal). Les autorités aériennes brésiliennes ont perdu sa trace alors qu'il s'apprêtait à pénétrer dans l'espace aérien sénégalais, sept heures avant l'arrivée prévue à destination.

Il semble qu'un signal automatique de panne électrique et de dépressurisation ait été reçu une demi-heure après que l'avion fut entré dans une zone orageuse.

«Nous sommes sans aucun doute confronté à une catastrophe aérienne », a d'abord dit, en milieu de journée, le directeur général d'Air France, Pierre-Henry Gourgeon, quelques heures après que l'affaire eut été ébruitée dans les médias.

Un porte-parole de l'entreprise, Jean-François Brousse, a avancé que l'appareil avait «vraisemblablement» été frappé par la foudre.

L'hypothèse a toutefois été mise en doute lundi par plusieurs experts, qui insistent sur le fait que les avions modernes sont parfaitement conçus pour résister à la foudre.

Plus tôt dans la journée, l'entreprise avait évoqué la possibilité d'un bris de transpondeur pour expliquer la disparition de l'avion des écrans radar, mais l'hypothèse est rapidement devenue intenable.

Selon Air France, l'appareil avait été mis en service en 2005. Il avait été inspecté la dernière fois en avril 2009 sans qu'«aucune défaillance notable» ne soit relevée.

L'hypothèse d'un acte terroriste, évoquée par certains médias locaux en matinée, a été exclue d'emblée par le ministre des Transports, Jean-Louis Borloo, qui parle d'un «accident».

Le secrétaire d'État aux Transports, Dominique Bussereau, a indiqué pour sa part qu'il fallait prendre garde aux hypothèses précipitées. «Pour l'instant, on ne sait strictement rien», a-t-il déclaré.

Le pilote d'un avion commercial de la compagnie brésilienne TAM a cependant affirmé lundi avoir vu plusieurs points oranges dans l'océan alors qu'il survolait la région où a disparu l'avion d'Air France. Le pilote soupçonne que ces points sur l'océan étaient du feu, a indiqué le porte-parole de l'armée de l'air brésilienne, le colonel Jorge Amaral, qui rapportait ses propos.

Un Canadien à bord

Les deux hommes ont été dépêchés à l'aéroport en matinée à la demande du président français, Nicolas Sarkozy, qui s'est lui-même rendu sur place en fin d'après-midi.

Le chef d'État a demandé que tout soit fait pour retrouver l'appareil, qui n'avait toujours pas été localisé en début de soirée.

«Les chances de retrouver des survivants sont infimes», a prévenu le dirigeant français, qui parle d'un «accident tragique». Selon un premier bilan, la majorité des passagers étaient d'origine française (73), mais il y avait aussi plusieurs Brésiliens (58) et Allemands (26) à bord ainsi qu'un Canadien parmi les 32 nationalités représentées.

Trois avions français ont été dépêchés du Sénégal pour participer aux efforts de recherche engagés par le Brésil. Paris a également demandé au Pentagone de mettre à sa disposition ses satellites d'observation dans l'espoir de repérer des débris.

L'annonce de la disparition de l'appareil s'est répandue comme une traînée de poudre en matinée à l'aéroport Charles-de-Gaulle, où plusieurs familles des passagers disparus s'étaient rendues sans avoir pris connaissance des rapports des médias.

Lors du passage de La Presse, une femme peinant à respirer a été amenée par son compagnon d'origine brésilienne vers un autobus qui les a conduits, sous escorte, vers un centre d'accueil isolé spécialement aménagé à cette fin.

En arrivant sur place, plusieurs proches ont appris, de la part d'employés d'Air France, la situation critique de l'avion avant d'être pareillement transportés, en pleurs, loin des regards indiscrets. Le panneau d'affichage indiquait pendant un long moment que le vol était «retardé» tandis qu'un message sonore invitait les familles des passagers en provenance de Rio de Janeiro à se rendre au comptoir d'informations de la compagnie.

L'annonce de la disparition de l'appareil de la compagnie française a suscité de l'inquiétude bien au-delà du cercle des familles directement concernées.

«J'ai reçu un appel tout à l'heure d'un ami qui s'inquiétait parce qu'il savait que je venais chercher mon beau-fils ce matin sans trop savoir sur quel vol. Mais c'était le vol de Los Angeles. Il y a eu un moment de panique», a confié un homme qui n'a pas voulu s'identifier.

Certains voyageurs, secoués par l'annonce de la disparition de l'avion, ont même brièvement songé à reporter leur départ. «Ils ont évoqué l'idée», a indiqué Ousman, un ressortissant sénégalais, en parlant de deux proches sur le point de s'envoler pour Dakar.

«Je ne pense pas qu'ils étaient vraiment sérieux... Mais c'est quand même énigmatique ce qui s'est passé avec cet avion», a-t-il déclaré.