Le Premier ministre britannique Gordon Brown, confronté au scandale des notes de frais, s'est prononcé dimanche pour des réformes constitutionnelles, dont la suppression du droit des parlementaires à fixer leurs propres rétributions et dépenses.

Le remboursement de frais aussi variés et hors sujet que des prêts immobiliers, l'entretien de résidences secondaires, voire la location de vidéos pornographiques a scandalisé les Britanniques, dont bon nombre sont durement touchés par la récession et ont perdu emplois ou maisons.

Invité du «Andrew Marr Show» sur la chaîne de télévision publique BBC1, M. Brown s'est également dit «choqué». «Il n'y aura plus d'autorégulation au sein du club de gentlemen, de société fermée. C'est de la politique du XIXe siècle. Nous avons besoin d'une démocratie ouverte, transparente», a-t-il commenté.

«Les gens veulent savoir où va l'argent du contribuable, si les bonnes décisions sont prises», a ajouté M. Brown. Il a souhaité que le Projet de loi sur le Renouveau Constitutionnel, qui doit être soumis ultérieurement dans l'année au Parlement, comporte un code régissant les droits et devoirs des députés.

Il s'est prononcé pour une réforme de la Constitution, afin notamment de ne plus laisser les parlementaires la possibilité de décider «eux-mêmes» de leurs rétributions et dépenses. Toutes les demandes de remboursement présentées depuis quatre ans seraient en outre passées au crible par une commission indépendante.

Au moins 12 députés ont annoncé qu'ils ne brigueraient pas un nouveau mandat lors des prochaines législatives prévues en 2010 et l'affaire a fait tomber le président travailliste («Speaker») de la Chambre des Communes. Michael Martin a annoncé le 19 mai sa démission, effective le 21 juin, afin de maintenir «l'unité» de la chambre basse du Parlement britannique. Il démissionnera par ailleurs de son mandat de député dans la circonscription travailliste de Glasgow Nord-Est.

De nombreux députés et le chef du parti libéral démocrate Nick Clegg l'avaient exhorté à démissionner, estimant qu'il n'avait pas voulu ou pu mener à bien la réforme du système de remboursement de frais des élus.

Le scandale concerne des députés des trois principaux partis, travaillistes, conservateurs et libéraux-démocrates, mais c'est surtout les Travaillistes au pouvoir qui en font les frais. Le Labour n'arriverait qu'en troisième position en cas de prochaines élections législatives, une première depuis 22 ans, selon un sondage ICM publié dimanche dans le «Sunday Telegraph».

Si le scrutin était organisé prochainement, 40% des Britanniques voteraient pour les conservateurs et 25% pour les libéraux-démocrates.

Les travaillistes du Premier ministre Gordon Brown n'arrivent qu'en troisième position, avec 22% d'intentions de vote. Il faut remonter à 1987 pour retrouver un Labour devancé par les deux autres grands partis politiques britanniques. Ce sondage a été réalisé fin mai auprès d'un échantillon de 1.013 adultes représentatif de la population britannique.

Le chef du parti conservateur, David Cameron, a invité Gordon Brown à organiser des élections législatives anticipées, «meilleur moyen» de renouveler «tout le Parlement».