L'attrait de Silvio Berlusconi pour les jeunes filles continue d'alimenter la polémique en Italie. Le président du Conseil, a reconnu son avocat, a demandé -et obtenu- l'interdiction de publication d'une série de photographies prises lors d'une fête privée dans sa luxueuse villa de Sardaigne, à laquelle participait notamment la jeune Noemi Letizia.

Les relations entre le chef du gouvernement âgé de 72 ans et cette Napolitaine de 18 ans sont à l'origine d'un scandale en Italie. L'épouse de M. Berlusconi, Veronica Lario, a annoncé il y a quelques semaines son intention de demander le divorce, citant la participation de son mari à une fête d'anniversaire de Noemi Letizia à Naples et lui reprochant de ne pas avoir été présent pour les 18 ans de ses propres enfants.

Selon la chaîne de télévision publique RAI, les photographies dont Silvio Berlusconi a fait bloquer la publication ont été prises le 31 décembre dernier sans son accord, lors d'une fête privée dans sa villa sarde. Noemi Letizia, ajoute la RAI, figurait parmi les invités. D'après le quotidien «Corriere della Sera», qui ne cite pas de sources, certains des clichés montrent des jeunes filles seins nus ou en bikini dans les jardins de la Villa Certosa à Porto Rotondo.

Le «Corriere della Sera» et «La Stampa» ont publié ce week-end la reproduction d'une lettre adressée par M. Berlusconi demandant d'interdire «l'usage ou la publication» des photos, au nombre de plusieurs centaines. Le parquet de Rome, d'après la RAI, a ordonné la saisie des clichés incriminés et ouvert une enquête pour violation de la vie privée à l'encontre de leur auteur, le photographe Antonello Zappadu -injoignable dans l'immédiat.

Devant l'ampleur prise par cette nouvelle polémique, l'avocat de Silvio Berlusconi, Me Niccolo Ghedini, a reconnu que l'homme d'affaires reconverti dans la politique avait bien demandé l'interdiction de publication des photos. Il ne s'agissait pas de photos osées, a ajouté Me Ghedini, précisant qu'elles montraient des personnes dans «des situations absolument normales».

Aucune des personnes représentées n'était mineure, excepté dans certains cas, quand les enfants du Premier ministre tchèque Mirek Topolanek ont été photographiés à l'occasion d'une visite de la famille dans la villa de M. Berlusconi, a assuré Me Ghedini. Quant à Silvio Berlusconi, il a dénoncé en marge d'un rassemblement électoral samedi soir dans le nord de l'Italie la campagne de ôôcalomnies» dont il dit faire l'objet, à l'instigation selon lui de l'opposition de centre-gauche.

Il avait démenti jeudi avoir eu des relations «épicées, ou plus» avec une mineure. «Je le jure sur la tête de mes enfants et, je le dis en toute connaissance de cause, si j'avais commis un parjure, je devrais démissionner dans la minute», avait-il affirmé. Il a également déclaré connaître de longue date le père de la jeune Noemi Letizia, justifiant sa présence à son 18e anniversaire par le fait qu'il se trouvait justement à Naples ce jour-là.

Trois des enfants de M. Berlusconi, âgés de 20 à 42 ans, sont publiquement intervenus dans les médias pour prendre la défense de leur père et fustiger le chef de l'opposition Dario Franceschini. Celui-ci avait pris les Italiens à témoin, leur demandant s'ils laisseraient quelqu'un comme Silvio Berlusconi élever leurs enfants.

Dernier épisode en date du feuilleton: l'ex-petit ami de Noemi Letizia, Gino Flaminio, s'est excusé dans une lettre publiée dimanche par le Corriere della Sera d'avoir alimenté les spéculations concernant les relations entre la jeune napolitaine et Silvio Berlusconi.

Gino Flaminio avait expliqué la semaine dernière au quotidien La Reppublica que Berlusconi avait invité Noemi Letizia et plusieurs autres jeunes filles pour les fêtes de fin d'année 2008 à la Villa Certosa. Flaminio a également fait état de plusieurs appels téléphoniques de Silvio Berlusconi à Noemi Letizia, pour lui demander des nouvelles de sa scolarité, de ses parents ou ses centres d'intérêt.

«Connaissant Noemi et ses valeurs», elle n'aurait pas pu avoir de relations sexuelles avec Silvio Berlusconi, dit-il dans sa lettre au Corriere. Il affirme aujourd'hui se sentir instrumentalisé par les gens qui en veulent à Berlusconi et se dit «désolé de ce qui est arrivé».

«N'est-il pas possible que (le chef du gouvernement) ait une vie privée? Qu'y a-t-il d'anormal d'être ami avec une famille normale?», s'interroge-t-il.