Les ordres de l'Église catholique irlandaise qui étaient à la tête des institutions pour enfants où des abus sexuels ont été commis pendant plusieurs décennies doivent faire plus pour les victimes, ont plaidé lundi deux des plus hauts responsables du clergé de l'île.

Le cardinal Sean Brady, primat d'Irlande, et l'archevêque de Dublin Diarmuid Martin ont estimé qu'un accord datant de 2002 sur les compensations aux personnes ayant été victimes d'abus dans ces institutions, devait être révisé, après la publication d'un rapport accablant la semaine dernière.

Cet accord «devrait être révisé pour prendre en compte la capacité des gens à payer», a déclaré le primat alors que les évêques irlandais se rendaient à une réunion dans les environs de Dublin pour réfléchir à une réponse au rapport qui a secoué le pays.

«Il faut avant tout en revenir aux besoins des victimes, qui sont la chose la plus importante», a insisté le cardinal.

Mgr Martin avait estimé de son côté dans le quotidien irlandais Irish Times publié lundi que «des investissements substantiels pour compenser les victimes toujours vivantes et leurs familles pouvaient être apportés de beaucoup de façons».

«À plusieurs égards, c'est notre dernière chance de rendre honneur aux fondateurs charismatiques (des ordres) et à tous les bons membres de vos congrégations qui se sentent salis», a-t-il ajouté.

Le gouvernement irlandais a passé en 2002 un accord controversé avec les ordres catholiques qui chiffrait leur part des compensations devant être payées aux victimes à 128 millions d'euros, soit environ 10% du total.

Les ordres religieux avaient en contrepartie presque entièrement échappé aux poursuites judiciaires, ce qui a été dénoncé par les associations de victimes.

Le gouvernement a déjà versé près d'un milliard d'euros de compensations et de remboursement de frais de justice à environ 12 500 des plus de 14 500 victimes.

Mais Mgr Martin a jugé «stupéfiant» le fait que les 128 millions d'euros n'aient pas entièrement été versés à l'État sept ans après l'accord.

«Il y a eu des difficultés légales, mais c'est vraiment une mauvaise excuse après tant d'années», a-t-il souligné.

Le primat d'Irlande et l'archevêque de Dublin se sont déclarés choqués par le rapport qui dénonce des décennies d'abus physiques et sexuels, parfois «endémiques», à partir des années 1930 dans les institutions pour enfants dirigées par différentes congrégations catholiques.

«L'Eglise a failli aux enfants. On ne peut pas le nier. La première chose que l'Eglise doit faire est de sortir de son déni, qui a été sa position pendant trop longtemps et qui existe toujours», a averti Mgr Martin.

Des Irlandais vivant dans plus de 30 pays ont demandé des dommages. Les compensations se montent en moyenne à 65 000 euros et peuvent aller jusqu'à 300 000 euros pour les cas les plus graves.