Son franc-parler et sa fermeté ont valu la réputation de «Dame de fer» à Dalia Grybauskaite, élue présidente de Lituanie dimanche dès le premier tour.

Agée de 53 ans, l'actuelle commissaire européenne au Budget et à la programmation financière n'a eu de cesse de critiquer au cours de sa campagne électorale la précipitation avec laquelle le Parlement lituanien avait adopté de nombreuses réformes en votant le budget pour 2009.

Et il y a un an, elle avait qualifié de «festin au temps du choléra» l'absence de toute action du précédent gouvernement du social-démocrate Gediminas Kirkilas pour juguler l'inflation.

 «Je suis très franche et directe, parfois même peut-être trop, je dis ce que je pense et cela ne plaît pas à tout le monde. J'ai pour objectif la transparence et j'exigerai cette qualité de tous», a-t-elle dit dans un entretien accordé à l'AFP avant le vote.

Dalia Grybauskaite a étudié l'économie politique à l'université de Leningrad (l'actuel Saint-Pétersbourg), tout en travaillant dans une usine de pelleterie. Elle a par la suite enseigné l'économie dans une haute école du Parti communiste à Vilnius.

Selon le politologue Kestutis Girnius, ce sont «des questions sur son passé sur lesquelles elle ne s'est pas suffisamment expliquée».

Elle s'est présentée comme une candidate indépendante, mais a été soutenue par les conservateurs.

Dalia Grybauskaite a commencé sa carrière dans l'administration lituanienne avec le retour de ce pays balte à l'indépendance au tout début des années 1990, notamment au ministère des Affaires étrangères, en s'occupant de diplomatie économique.

 «Le premier contrat que j'ai négocié était un contrat commercial avec la Suède», s'est-elle souvenue devant un parterre d'étudiants pendant sa campagne électorale.

Vice-ministre des Finances, puis vice-ministre des Affaires étrangères entre 1999 et 2001, elle a ensuite été nommée ministre des Finances en 2001, dans le gouvernement du social-démocrate Algirdas Brazauskas.

En 2004, elle est déléguée à la Commission européenne. Elle entreprend la réforme du budget de l'Union européenne et est récompensée pour son action en recevant en 2005 le titre de commissaire européenne de l'année.

Rat de bibliothèque dans sa jeunesse, grande sportive, «ceinture noire» d'arts martiaux, elle a été membre de l'équipe junior de basket-ball. Elle est célibataire et n'a pas d'enfants.

Dotée d'un grand sens de l'humour, d'après son portrait fait par le quotidien Vilniaus diena, Dalia Grybauskaite reste une personnalité relativement peu connue des Lituaniens.

C'est le 26 février qu'elle annonce sa candidature à la présidence de la République. «Je peux et je veux utiliser mon expérience, mes connaissances et mes capacités pour chasser les ombres» de la vie politique et économique en Lituanie, et «pour y créer un Etat de citoyens», déclare-t-elle à cette occasion.

La lutte contre les oligarques et les monopoles est l'un des points principaux de son programme.

Polyglotte, Dalia Grybauskaite parle anglais, russe, polonais et français. Si elle est élue, elle deviendra la première femme présidente de la Lituanie, et la deuxième dans un pays balte après Vaira Vike-Freiberga, présidente lettone de 1999 à 2007.