Le président ukrainien, Viktor Iouchtchenko, candidat à sa succession malgré son impopularité, a remporté une victoire sur ses adversaires, en obtenant le report par la Cour constitutionnelle de l'élection présidentielle qui avait été fixée fin octobre.

«La Cour constitutionnelle estime non conforme à la Constitution (...) la résolution du Parlement sur l'organisation de l'élection présidentielle le 25 octobre», a déclaré mercredi le président de la juridiction Andri Stryjak, ajoutant que cette décision était irrévocable.

La présidence ukrainienne, qui a contesté la date fixée par le Parlement en avril, a suggéré d'organiser le scrutin le 17 janvier. C'est désormais à l'Assemblée de fixer une nouvelle date.

«Le président a marchandé quelques mois de travail», a commenté sarcastiquement le Premier ministre Ioulia Timochenko, rivale du président.

Le président du Parlement, Volodymyr Litvine a laissé entendre que les députés allaient accepter la date du 17 janvier.

Nombre de députés représentant différentes forces politiques se sont également déclarés d'accord avec la tenue du scrutin au mois de janvier.

«A ce jour, la date du 17 janvier semble la plus réaliste tant juridiquement que politiquement», a commenté Valéri Pissarenko du bloc mené par le Premier ministre Ioulia Timochenko qui avait pourtant voté unanimement pour un scrutin en octobre.

Un des leaders du Parti des régions (opposition pro-russe) Olexandre Efremov cité par Interfax a pour sa part reconnu que le vote pour la présidentielle en octobre était «plutôt émotionnel».

Selon la loi fondamentale ukrainienne actuelle, l'élection présidentielle se tient le dernier dimanche de la cinquième année du mandat du chef de l'Etat, ce qui impliquerait un scrutin fin janvier 2010, Iouchtchenko ayant été investi le 23 janvier 2005.

Mais les députés avaient estimé que l'ancienne Constitution, en vigueur au moment de l'entrée en fonction du président ukrainien, devait être appliquée et celle-ci prévoyait un scrutin en octobre.

«Cette décision avait été prise pour irriter Iouchtchenko» mais était douteuse sur le plan légal, explique le politologue Kost Bondarenko, qui qualifie la décision de la Cour de «prévisible».

«C'est une victoire de Iouchtchenko mais ce n'est qu'une pilule sucrée censée adoucir sa situation difficile», commente ironiquement l'analyste, alors que la popularité du chef de l'Etat est au plus bas.

Selon de récents sondages moins de 3% des Ukrainiens se disent prêts à voter pour lui.

Les candidats les mieux placés pour la présidentielle sont l'ex-Premier ministre Viktor Ianoukovitch (Parti des régions), Ioulia Timochenko et l'ex-président du Parlement Arseni Iatseniouk.

Selon Volodymyr Fesenko, directeur du Centre des recherches politiques Penta à Kiev, M. Iouchtchenko n'a «pratiquement pas de chances de remporter la prochaine présidentielle».

«Je ne vois pas d'instruments qu'il pourrait utiliser à cette fin», souligne le politologue.

M. Iouchtchenko avait annoncé fin avril qu'il allait briguer un deuxième mandat présidentiel, malgré la chute de sa popularité.

«Il y plusieurs millions de personnes qui partagent mes valeurs. Si je prends une autre décision, ces gens y verront ma faiblesse, une trahison», avait alors expliqué le président.

Cet ancien opposant pro-occidental a été porté à la présidence par un soulèvement populaire fin 2004 baptisé Révolution orange. Mais des crises politiques à répétition et l'absence des réformes promises ont largement déçu la population.