La santé de John Demjanjuk, 89 ans, autorise son maintien en détention, ont estimé mercredi les médecins de la prison allemande où est détenu depuis mardi l'ancien garde de camp de concentration nazi, soupçonné de participation au meurtre de 29.000 juifs.

«Nos médecins estiment qu'il est apte à être incarcéré», a indiqué à l'AFP une porte-parole de la prison de Stradelheim à Munich (sud), où Demjanjuk a été transféré mardi après son expulsion lundi soir des Etats-Unis où il résidait depuis 1952.

«Son état de santé est bon (...) il est même meilleur que ce que l'on peut s'attendre à observer chez un homme de 89 ans», a assuré le directeur de la prison, Jochen Menzel, sur la chaîne d'information en continu N24.

Des expertises médicales plus poussées doivent établir s'il peut supporter un procès. Le parquet de Munich a indiqué que les résultats ne seraient sans doute pas connus avant plusieurs jours.

«Il doit d'abord être ausculté par les experts, et les résultats de ces examens doivent ensuite être étudiés. Le temps qu'il faudra pour clore cette étape ne dépend pas du parquet», a expliqué son porte-parole, Anton Winkler.

«Je ne m'attends pas à ce qu'une décision tombe cette semaine. Dans le meilleur des cas, ce ne sera pas avant la semaine prochaine», a-t-il précisé.

Les défenseurs de Demjanjuk assurent qu'il ne «survivra» pas à la détention et à un procès, mais la justice américaine a jugé qu'il était à tout le moins transportable.

La famille de John Demjanjuk aux Etats-Unis affirme qu'il est atteint d'une forme de leucémie.

Après une bataille judiciaire acharnée, les juridictions américaines et allemandes ont fini par autoriser son expulsion, par avion spécial. Peu après son arrivée dans sa prison munichoise, les charges qui pèsent sur lui -- participation au meurtre d'au moins 29.000 Juifs dans le camp d'extermination de Sobibor, aujourd'hui en Pologne, où il a été gardien du 27 mars 1943 à fin septembre 1943 -- lui ont été notifiées en ukrainien.

La défense de Demjanjuk nie tous ces faits, jusqu'à sa présence à Sobibor. Un de ses avocats allemands, Ulrich Busch, conteste aussi la compétence de la justice allemande et la possibilité de rejuger son client pour des faits pour lesquels, selon lui, il a déjà été «inculpé et acquitté» en Israël et en Pologne.

Demjanjuk figure sur la liste du Centre Simon-Wiesenthal des «criminels de guerre nazis les plus recherchés».

Condamné à mort en Israël en 1988, Demjanjuk avait ensuite été acquitté par la Cour suprême israélienne en raison de doutes sur son identité.

Jusqu'à présent, l'ancien soldat de l'Armée rouge ne contestait pas avoir été gardien du camp de Sobibor, mais il assurait y avoir été contraint par les nazis en tant que prisonnier de guerre.

La justice allemande avait lancé le 11 mars un mandat d'arrêt contre cet ancien ouvrier automobile de la banlieue de Cleveland, déchu de sa nationalité américaine en 2002 pour avoir menti sur son passé.

En décembre 2008, la plus haute autorité judiciaire allemande avait estimé qu'un tribunal de Munich était compétent pour le juger, au motif que Demjanjuk avait vécu près de la capitale bavaroise en 1952 avant d'émigrer aux Etats-Unis.