Le Premier ministre tchèque démissionnaire, Mirek Topolanek, a présidé jeudi son dernier grand sommet européen, avant de céder la place au nouveau gouvernement intérimaire piloté par le haut fonctionnaire Jan Fischer.

   «J'ai fait mes adieux à mes collègues avec une certaine nostalgie, car mon rôle à la tête de l'UE s'achève demain», a-t-il déclaré à l'issue du lancement du partenariat oriental destiné à renforcer les liens de l'Union européenne avec six pays issus de la sphère soviétique.

   La chute de sa coalition de centre droite, en pleine présidence de l'UE, a été provoquée fin mars par un vote de défiance des députés à l'initiative de l'opposition sociale-démocrate.

   Le nouveau cabinet d'experts formé par Jan Fischer après des semaines de négociations épineuses doit entrer en fonction vendredi et gérer le pays jusqu'aux élections anticipées prévues en octobre.

   M. Topolanek a lui-même estimé qu'avec la fin de son gouvernement, c'était «la présidence tchèque (de l'UE) qui prenait fin, d'une certaine manière», Prague ayant perdu en «influence et capacité d'imposer les choses» à cause de la crise politique locale.

   A l'heure du bilan et face aux critiques de moins en moins voilées de ses partenaires européens sur la gestion de l'exécutif européen, ce libéral pur et dur a estimé avoir remporté plusieurs «francs succès» et s'en être «assez bien sorti par rapport à ce que certains attendaient».

   Surtout, le chef de la droite libérale tchèque part la tête haute après avoir évité ce qui, selon ses propres termes, aurait été une «nouvelle honte» pour son pays, à savoir un rejet du traité de Lisbonne au Sénat tchèque.

   Sous ses injonctions, les sénateurs ont fini par adopter le document mercredi. Malgré ses réserves sur le texte, M. Topolanek avait déjà obtenu le feu vert des députés en février.

   Vendredi après-midi, M. Fischer fera ses premiers pas en politique après une carrière à l'office national des Statistiques.

   Cet homme de 58 ans a déjà montré une force de caractère inattendue en refusant quelques ministres que voulaient lui imposer les partis politiques.

   Ce haut fonctionnaire a plusieurs fois assuré qu'il considérait comme une «priorité» la présidence de l'UE que son pays continuerait à exercer jusqu'au 30 juin, avant de passer le relais à la Suède. Mais son rôle dans la gestion de l'exécutif européen n'a pas encore été clairement défini.

   Le président Vaclav Klaus, très eurosceptique, dont l'inimitié pour M. Topolanek est notoire, a profité de la crise politique pour se propulser sur le devant de la scène européenne et prendre en charge quelques sommets, comme ceux de l'UE avec le Japon et la Corée du Sud.

   «A partir de demain, je ne suis plus président du Conseil européen, et aussitôt que Jan Fischer sera installé, il sera président du Conseil. Alors qui d'autre pourrait présider le Conseil européen?», s'est faussement interrogé M. Topolanek jeudi.

   «Je ne pense pas que ce soit mon opinion uniquement. Tous les Etats membres de l'UE semblent d'accord avec moi», a-t-il insisté.

   Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a apporté une confirmation indirecte: il a rappelé jeudi qu'il avait été «confiant dès le début concernant les capacités de la présidence tchèque à être forte, capable, compétente et engagée», en se disant «certain qu'avec le nouveau Premier ministre, cela continuerait».