Il vient de perdre un vote-clé au parlement, un de ses principaux conseillers, et, selon ses détracteurs, son autorité. Rien ne va plus pour le premier ministre britannique Gordon Brown à l'approche d'élections nationales attendues d'ici la mi-2010.

On est loin de l'homme qui accueillait à Londres les principaux dirigeants de la planète pour un G20 de lutte contre la crise économique. Le pays est aujourd'hui sceptique face à un déficit budgétaire abyssal, et lui reproche son échec à contenir les dépenses des députés. Pourtant, les coups les plus durs ne viennent pas de ses ennemis, mais des rangs de son propre Labour. Ken Livingstone, l'ancien maire de Londres, a jugé que le locataire de Downing Street était quasi-certain de perdre le scrutin qui doit se tenir d'ici la mi-2010. Quant à David Blunkett, ministre du temps de Tony Blair, il a certes salué sa gestion de la crise, mais lui reproche de ne plus être en phase avec les préoccupations quotidiennes des électeurs.

Mercredi, 27 «rebelles» du Labour ont contribué à sa première défaite majeure au parlement, sur les restrictions à l'immigration pour les vétérans népalais des forces armées britanniques. Le sujet a également rapproché les deux principaux rivaux de Brown, le chef des Tories conservateurs David Cameron et celui des libéraux-démocrates Nick Clegg, une identité de vues qui laisse penser à une éventuelle coalition de gouvernement après les élections.

D'où le verdict catégorique de Bob Marshall-Andrews, l'un des ôô27», au sujet de Brown, vendredi dans les colonnes de l'ôôIndependent»: «il est fini».

Parmi les derniers malheurs de Gordon Brown, il y a aussi la démission gênante de son principal conseiller média, Damian McBride, pris la main dans le sac pour avoir envisagé de lancer via Internet des campagnes de dénigrement contre les rivaux politiques de son patron...

Le peu charismatique Brown a également fait l'objet de moqueries pour sa récente vidéo sur YouTube, dans laquelle il annonçait de peu satisfaisantes mesures visant à restreindre les frais des députés. Sa performance y est tellement étrange qu'on l'a comparé au Joker de ôôBatman», dans la version de l'inquiétant et grimaçant Jack Nicholson... Et sur son propre site Web, une pétition appelant à sa démission a rassemblé 40.000 signatures.

«En résumé, Brown n'est pas populaire, il n'est pas particulièrement charmant, et on s'interroge sur son jugement politique», estime Ben Page, directeur de l'institut de sondage Ipsos MORI Public Affairs.

Don't act: les derniers sondages donnent aux conservateurs du jeune et fringant Cameron 13 points d'avance sur le Labour de Brown. Ce qui renverrait le parti travailliste dans l'opposition, pour la première fois depuis 1997, après trois victoires électorales successives de Tony Blair.

Brown semble donc bien parti pour être l'artisan de cette chute du Labour... Car «revenir d'aussi loin, et remporter une élection, ça serait quasiment du jamais vu», juge Ben Page.