Le centriste français François Bayrou a publié jeudi «Abus de pouvoir», un pamphlet au vitriol contre le président Nicolas Sarkozy, comparé à un «enfant barbare», et qui se veut une nouvelle étape dans sa stratégie de conquête du pouvoir en 2012.

Celui qui se pose en premier opposant de M. Sarkozy fustige l'«égocratie» d'un président qui gouverne à la première personne et «aime se mettre en scène comme un surhomme».

«Le président de la République actuel a un plan. Il nous conduit là où la France a toujours refusé d'aller» et «il le fait sans mandat», affirme le président du Mouvement démocrate (MoDem) et ex-candidat à la présidentielle.

M. Bayrou estime que ce régime s'appuie sur une «idéologie de l'argent, présenté comme valeur», une «idéologie souterraine de la distraction du citoyen à coup de peopolisation», sur «des réseaux d'intérêts puissants», et des «médias sous influence».

«Je n'ai pas à commenter ça, on est en démocratie, chacun dit ce qu'il croit devoir dire et les Français choisiront», a réagi Nicolas Sarkozy, en marge d'un déplacement en Haute-Savoie (centre-est). «Bien sûr, je préfèrerais parfois que cette critique soit plus constructive, qu'au fond il y ait des alternatives, des propositions», a-t-il ajouté.

Si les critiques du dirigeant centriste ne sont pas nouvelles, la parution de ce livre est très largement commentée en France au moment où un sondage révèle que si la présidentielle se tenait aujourd'hui, M. Bayrou pourrait se retrouver au second tour face à Nicolas Sarkozy.

Cette semaine, un des principaux hebdomadaires du pays, Le Point, faisait sa Une sur M. Bayrou avec le titre: «Pourquoi il fait peur à Sarkozy».

Le centriste, qui avait créé la sensation lors de la présidentielle de 2007, est en effet crédité de 19% d'intentions de vote (contre 18,5% réalisés au premier tour en 2007) alors que la socialiste Ségolène Royal obtiendrait 20,5% (contre 26% en 2007).

Le MoDem est crédité de 12 à 14% des voix pour les élections européennes.

M. Bayrou est souvent présenté comme le seul candidat en mesure de battre M. Sarkozy au second tour de la prochaine présidentielle, en 2012.

Après avoir longtemps ignoré ses attaques, l'UMP, le parti de droite de Nicolas Sarkozy, a commencé à répliquer. «L'arnaque, c'est qu'il n'a pas de projet de société. Il propose du vent aux électeurs», a réagi jeudi le porte-parole adjoint de l'UMP et conseiller à l'Elysée, Dominique Paillé.